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CHRONIQUE LOCALE. Bonnes nouvelles littéraires. Au commencement du mois de juin, l'Aca- démie Impériale de Lyon avait admis parmi ses membres titulaires M. Georges de Soultrait, auteur d'ouvrages remarquables sur l'archéologie et sur l'histoire du Nivernais, du Forez et du Lyonnais. A la fin du mois, la Société a donné une séance solennelle qu'on a pu certainement classer parmi les plus intéressantes et les mieux remplies. La séance, présidée par M, le docteur Rougier, a été ouverte par le rapport de M. Bineau sur le concours annuel pour l'obtention des médailles qu'on doit à la libéralité du prince Le Brun. Aux applaudissements de la salle , M. le président a décerné deux médailles, l'une à M. Dupont, auteur de procédés ingénieux pour la restauration des vieilles peintures ; l'autre à l'habile imprimeur lyonnais M. Louis Perrin, pour les progrès qu'il a fait faire à la typographie revenue, grâce à lui, à ses plus beaux jours. M. Dareste de la Chavanne a lu ensuite un rapport énergique et concis sur le concours proposé depuis deux ans, au sujet de l'éclaircissement d'un point obscur de la topographie lyonnaise. L'Académie, adoptant les conclusions du rapport, a déclaré que le prix ne serait pas décerné et que le concours restait ouvert jusqu'à l'année prochaine. Le discours do réception de M. le Recteur de la Saussaye a été écouté alors avec un redoublement d'attention. Le talent de l'orateur, le sujet choisi tout devait vivement intéresser les auditeurs, aussi a-ton suivi de l'âme et des yeux ce tableau qui se déroulait majestueusement, et que le savant récipiendaire avait appelé : Un premier chapitre de l'histoire littéraire de Lyon. Depuis les concours problématiques de Caligula jusqu'à la lettre si tou- chante des premiers chrétiens lyonnais à leurs frères d'Asie, l'orateur a traité avec une grande fermeté et une vaste érudition les questions les plus intéressantes et les plus curieuses de notre histoire , et il a jeté une vive clarté sur des questions trop peu étudiées et trop peu connues. Dans une ville aussi essentiellement poétique que la nôtre, et la ville qui a produit des poètes comme les Flandrin, les Saint-Jean, les Perrin, les Lapradc, n'a rien à envier à personne, dans une ville où l'ima- gination embrasse tous les arts, une séance de l'Académie ne serait pas complète s'il y manquait une pièce de vers. M. Gunct est venu combler cette lacune. Après une introduction due à sa plume harmonieuse et classique, il a lu avec beaucoup de goût une pièce de vers de M. Victor de Laprade ; cette pièce , intitulée la Jeunesse, est un appel à tous les élégants du j o u r , une invitation à tous les adolescents désenchantés de reprendre le sentier des nobles pensées, des purs devoirs et des sublimes dévoûments : A l'âge où nous errions, livre en main, sous la haie, Tout prêts à dépenser notre cœur et nos jours, On dit que vous savez-ce que vaut en monnaie L'heureux temps des chansons, des songes, des amours. On dit que le franc rire est absent de vos fêles, Que l'ironie à flots y coule par moments ; Que chez vous le plaisir pour parer ses conquêtes, Rêve, au mépris des fleurs, l'or et les diamants.. On dit vos cœurs tout pleins d'ambitions mort-nées, On dit que vos yeux secs se refusent aux pleurs ; Qu'avec vous le rameau des nouvelles années Porte un fruit corrompu sans avoir eu de fleurs.