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12 DE L'UNITÉ DE L'AME PENSANTE
et pour le même individu, de concourir ensemble et néces-
sairement a la vie humaine, prise dans son sens le plus
général, et a l'existence de ce tout naturel, suivant l'ex-
pression de Bossuet, qui s'appelle l'homme? Aussi quel
merveilleux concert, quelle dépendance réciproque, et
quelle étroite relation entre les uns et les autres ! Quels
rapports plus naturels , plus intimes, plus profonds que
ceux de la vie et de la pensée, du physique et du moral,
quelle société plus parfaite que celle de l'âme et du corps !
Comment se fait-il qu'il suffise d'une idée pour affecter si
profondément la vie organique, si la pensée appartient Ã
un principe tandis que la vie réside dans un autre substan-
tiellement distinct? En vérité, c'est pousser un peu loin
l'aveuglement contre l'animisme que d'aller jusqu'Ã dire,
avec Maine de Biran, que le critérium de la conscience
abandonné, on peut à tout aussi bon droit attribuer à l'âme
tous les phénomènes de la nature, même le mouvement de
la terre, que les phénomènes de la vie.
Mais où nous voyons une si grande harmonie, M. Lordat,
prétend voir une opposition essentielle, et il en fait un de
ses principaux arguments en faveur de la dualité.
Selon ce zélé défenseur du dynamisme, il y aurait une
vieillesse pour les facultés de la vie, tandis qu'il n'y en au-
rait pas pour les facultés de la pensée , comme aussi il y
aurait une transmission héréditaire des qualités vitales, et
non des qualités intellectuelles et morales (1). De là il con-
clut leur séparation essentielle et l'impossibilité de les ra-
mener à un même principe. Mais aux faits qu'il allègue en
faveur de l'une ou de l'autre thèse, combien n'est-il pas
facile d'en opposer d'autres en sens contraire ! Si, chez
quelques vieillards privilégiés, l'esprit ne s'est pas affaibli
(I) Voir Vin-ïénescenci! du xens inlimr pi ses k'rons sur Vliéréditi'
fhysioloijiqnc.