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             Paris, rue Serpente , a° 6. Ce 8 brumêre ( sic ) de l'an 2 (1)
               de la république française, une et indivisible.
  Je vous avais annoncé, citoyen magistral, une nouvelle
édition de mon petit ouvrage sur les opinions religieuses Ç2),
et je vous prie d'en agréer un exemplaire comme une nou-
velle preuve de mareconnaissance. Vous voudrez bien remar-
quer que cet ouvrage est de 1791, et qu'alors il fallait frap-
per moins fort pour frapper plus juste. Peut-être même ac-
tuellement faut-il conserver quelque apparence de ménage-
ment pour détruire plus infailliblement la plus abominable
des superstitions. Je ne doute pas que la confession n'ait été
le principal instrument rais en œuvre par les scélérats de la
Vendée, et je ne serai pas sans quelque inquiétude, je vous
l'avoue, tant que je verrai un confessionnal dans les églises
catholiques (3).
   Je sais que la nation commence à ouvrir les yeux, surtout
 à Paris, et c'est à vous qu'elle en est principalement rede-
 vable; mais les campagnes sont moins avancées'; et c'est
 pour elles que j'avais été tenté d'écrire.
   Considérez moins le terme où je me suis arrêté que le but

   (1) 29 octobre 1795.
    (2) Cet ouvrage , qui est devenu extrêmement rare , ne se retrouve pas
dans les OEuvres de Palissot; Paris, 1809, C vol. in-8°; il a pour titre: Ques-
tions importantes sur quelques opinions religieuses, in-8°. La troisième et der-
nière édition est de 1797.
    (3) Les églises constitutionnelles n'étaient point encore, du moins nous le
 croyons, fermées à Paris ; elles le furent à Lyon le 10 novembre , et ce jour-
 là on lit l'apothéose de Chalier ; le buste de cet homme, qui avait été le
 principal auteur des malheurs de notre cité, fut couronné de fleurs et placé
 sur palanquin tricolore, porté par quatre jacobins, envoyés de Paris; on
 voyait dans le cortège un âne couvert d'une chape, ayant une Bible et un
 Missel suspendus à la queue ; des sans culottes, revêtus d'habits pontificaux,
 dansaient la farandole autour de l'ignoble animal, auquel ils donnaient à
 boire et à manger dans des vases sacrés. Une pluie épouvantable ne permit
  pas d'achever cette saturnale impie.