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          Quant à la seconde classe des critiques, nous n'osons dire
       combien elle nous effraie., à cause de son bagage scientifique*
       dont elle tire de temps en temps de grands mots qu'elle a
      l'air de comprendre ; et d'abord la sculpture est pour elle
       une allégorie, et l'allégorie toute la sculpture. Ceux-là savent
      leur Boileau par cœur, ils ont lu les métamorphoses d'Ovide,
 %£\ ils aiment Voltaire , et ils vous jèteront souvent à la figure
   l iles mots sacramentels de touche, de coloris, de clair obscur
,ç«S/ surtout. Ils recherchent la fable avec fureur, ils chérissent
<^' les nymphes et se prosternent aux pieds des fleuves. Ils se
      complairont volontiers à leur caresser ces barbes de ro-
      seaux et de glayeul que vous savez. L'urne et le trident du
      Rhône, l'aviron de la rivière navigable, le lion embléma-
      tique, sont pour eux le nec plus ultra du talent. Mais à ces
     prétentions d'hommes capables, ils joindront au fond l'igno-
      rance de leurs confrères ci-dessus. Puis ils couvriront le tout
      d'un vernis de plaisanteries aigres et malignes. Ils publieront^,
     par exemple, de prétendues réclamations adressées à leur
     journal, disenf-ils , par les tourneurs et fabricants de man-
     nequins de la.Grenette. Une autre fois ils vous demanderont si
     c'est Monneret qui vous a fourni telle vessie de couleur dont
     la teinte leur déplaît. Ils savent aiguiser mille épigrammes de
     ce genre., entremêlées de citations de l'Art poétique, de La
     Fontaine, de lambeaux d'Horace , de Virgile, de la Pucelle ,
     de Béranger, de Victor Hugo. Le tout est mêlé sans méthode,
     sans justesse, sans goût ni grâce, et seulement à cette fin
     de faire preuve de savoir, ce qui leur réussit souvent, je vous
     jure , auprès de leurs doux et moutonniers lecteurs, mais à la
     grande peine et douleur de l'artiste.
       Et en effet quel est celui d'entre ceux-ci qui n'a pas trépi-
    gné de honte et d'impatience, en voyant se propager, à l'ins-
    tar de grandes et sublimes vérités , les impudences mons-
    trueuses de ses juges ! Incapables d'apprécier non-seulement
    les'difficultés matérielles des arts, mais même ignorant leur
    but et les moyens qu'on emploie pour y parvenir, ces braves