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 décorés de glaces, et enrichis par la peinture et la sculpture.
     Quelques sans-culottes de bonne foi convenaient entre eux
 qu'ils ne pouvaient pas toujours être si bien logés. Inquiets
 sur leur existence future, en voyant que la mort avait mois-
 sonné ceux qui les nourrissaient par leur travail, ils gémis-
 saient en secret sur leur aisance actuelle et passagère ; d'au-
 tres arrêtaient de soumettre aux proconsuls l'inquiétude qui
les agitait; ils en recevaient quelques paroles consolantes.
 « Soyez tranquilles, leur disait on , le gouvernement fera
 « travailler à son compte; il établira une caisse ; vous aurez
 « des fonds d'avance pour vous fournir de la soie ; vous fa-
 « briquerez , et vous livrerez vos étoffes à un prix modéré.
 « Continuez toujours d'habiter les appartements que vous
 « occupez. »
    Quelques-uns de ces patriotes, désignés sous le nom de
sans-culottes, et dont les sentiments probes différaient entiè-
rement de la conduite des révolutionnaires, osèrent témoi-
gner aux représentants leur douleur à la vue des excès qu'on
se permettait sous leurs auspices et en leur nom , et toute
l'indignation qu'ils vouaient à la commission t e m p o r a i r e ,
ainsi qu'aux comités révolutionnaires; ils furent traités de
modérés et incarcérés ; mais le caractère atroce de ces pro-
consuls se trouve peint dans leur correspondance avec la
Convention.
    L y o n , presque entièrement anéanti par les ravages de la
bombe e t e o m m e englouti sous ses propres décombres ; Lyon,
veuf de la plus forte partie de son ancienue population , et
r é d u i t , par l'anéantissement de ses ateliers et de son indus-
trie , à la misère et à tous les besoins , Lyon semblait pou-
voir prétendre enfin à l'indulgence de ses bourreaux ; et
quelques-uns de ses plus infortunés habitants v i n r e n t , au
nombre de dix mille concitoyens, implorer de la Convention
un regard de commisération. Qui le croirait ? trente mille Fran-
çais moissonnés par le siège, et 3,500 (1) emportés par la

  (1) Plus de quatre cents femmes en couche périrent de frayeur ou par