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  les riches en faisaient. Pour leur oler ce prétexte, les conseil-
  lers de la ville firent mettre en vente, le lendemain, près de
  mille ânées de celte d e n r é e , au prix de seize sous l e bichet.
  Mais cette démarche ne fit qu'irriter davantage les mutins ; ils
  prétendirent qu'ils trouveraient de bien plus grandes provi-
  sions de grains dans l'abbaye de l'Ile-Barbe, et menacèrent
  d'y aller mettre le feu. Afin d'empêcher l'effetdeleurs menaces,
 le sieur Jean du Peyrat, lieutenant-général de la sénéchaus-
 sée, leur promit de les y conduire l u i - m ê m e , et les y mena
 effectivement le lendemain ; ils n'y trouvèrent rien, et, dedépit,
 se livrèrent à quelques désordres que du Peyrat ne put e m p ê -
 cher. Enfin, Pompone Trivulce, gouverneur de la ville, ayant
 pris le temps ou ils étaient à l'Ile-Barbe pour faire entrer
 quelques compagnies de soldats dans la ville, les distribua en
 différents quartiers; e t , au retour des révoltés, il fit saisir
 et" punir du dernier supplice les plus coupables d'entre
 eux. Ce fut depuis cet événement que le consulat fut au-
 torisé par nos rois à entretenir, aux frais de la ville, une
garde de cent vingt hommes pour sa propre sûreté et la sû-
reté publique.
    Malheureusement, trop amoureux de lui-même, Champier
 ne sut ou ne voulut point assez ménager l'amour-propre d'au-
trui; il fit éclater avec trop de morgue sa supériorité, bla-
sonna sa r o t u r e , rattacha son origine à celle des Campegge
de Bologne ( 1 ) , et prétendit imposer sa renommée. Il se fit
des rivaux et des rieurs. Dans la fortune, on excite rarement
les sarcasmes du peuple sans émouvoir ses fureurs pour les
jours de revers; Symphorien l'éprouva cruellement, lors de
la rébellion de 1529. Cet outrage ne fit que l'aigrir ; on le
comprend, quand on lit la relation qu'il a publiée de cette
horrible sédition. En 1538, on le fit échevin, pour l'apaiser,

   (1) En tête de son livre De Monarchia Gallorum, on trouve une lettre de
lui au Cardinal Laurent Campegge, qui avait vu Symphorien en passant à
Lyon pour se rendre en Angleterre, et qui lui écrit à son tour avec un ton
d'affectueuse parenté f