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318 ne vint à rouler à t e r r e , on l'étendil tout de son l o n g , et au moyen de cordes, on la billonna avec force comme un ballot. En vain elle fait entendre des cris plaintifs; plus sa douleur éclate, plus les barbares resserrent ses liens. Enfin, après quelques instants de m a r c h e , la charelte éprouve une s e - cousse. Le ventre de l'octogénaire éclate, ses intestins sortent, elle expire. Au milieu du sang innocent qui fumait de toutes parts , la commission militaire voulut paraître n'écouler que la justice. Par ses ordres^ on arrêtait une infinité d'individus de tout âge et de tout sexe, absolument étrangers aux événements de Lyon; e t , les jours destinés aux fêles, ils étaient pompeusement con- duits au milieu des cérémonies , et on proclamait solennelle- ment leur liberté aux exclamations du peuple et au bruit de l'artillerie. Tandisque, p a r c e l l e artificieuse politique, elle cherchait à éblouir le peuple, beaucoup de femmes honnêtes se voyaient forcées de faire le sacrifice de leur honneur entre les bras de ce qu'il y avait de plus hideux parmi les buveurs de sang, pour soustraire à leurs poignards ce qu'elles ont de plus cher. Quelques-uns d'entre e u x , affichant une sévérilé de mœurs républicaines, fesaient un crime à ceux de leurs collègues qui se liaient avec des femmes nobles; mais ceux-ci se dis- culpaient de ces liaisons anliciviques, en disant qu'ils vou- laient par là ramener ces femmes nobles dans le giron de la république. Les représentants, de leur c o t é , cherchaient à se débarasser de cesimporlunités réitérées que tous les sentiments humains attachaient à leurs pas. Trois femmes, dont deux réclamaient leurs maris, dont l'autre, aussi jeune qu'aimable, implorait en faveur de son père, furent arrêtées dans l'appartement même des représentants^ qui les condamnèrent à être exposées pendant deux heures sur l'échafaud, comme importunes et cherchant à les apitoyer sur le sort des détenus. La jeune fille toucha vivement un officier