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404 on voit sur des chemins de fer glisser rapidement les lourds charriols du commerce, et les petites rivières se resserrer en canaux pour porter ses marchandises; et là où on se frayait avec peine un chemin à travers les halliers, on voyage agréa- blement sur une grande route qui la coupe, en franchissant son sommet. Là aussi, sur des points élevés les regards sont atti- rés par des télégraphes, Sphinx aériens, à l'aide desquels, les nouvelles des événements importants se transmettent avec la rapidité de la pensée, de la capitale à la seconde ville du royaume. Que le génie de l'homme est grand comparé à sa petite habitation! concluons-en, avec un grand écrivain du siè- cle, qu'il est destiné à une plus haute demeure (1). (t) « Esl-il bon que les communications soient devenues aussi faciles? Les « nations ne conserveraient elles pas mieux leur caractère en s'ignorant les « unes les autres, en gardant une fidélité religieuse aux habitudes et aux « traditions de leurs pères ? J'ai vu dans ma jeunesse de vieux bretons mur- « murer contre les chemins que l'on voulait ouvrir dans leurs bois, alors « même que ces chemins devaient élever la valeur des propriétés riveraines. « Je sais qu'on peut appuyer ce système de déclamations fort touchantes ; « le bon vieux temps a sans doute son mérite ; il faut Se souvenir qu'un état « politique n'en est pas meilleur , parce qu'il est caduc et routinier ; an- ci trement, il faudrait convenir que le despotisme de la Chine et de l'Inde , « où rien n'a change depuis trois mille ans, est ce qu'il y a de plus parfait « au monde. Je ne vois pourtant pas ce qu'il peut y avoir de si heureux à « s'enfermer pendant une quarantaine de siècles avec des peuples en en- « fance et des tyrans eu décrépitude. « Le goût et l'admiration du stationnaire viennent des jugements faux que « l'on porte sur la vérité des faits et sur la nature de l'homme ; sur la vérité « des faits , parce qu'on suppose que les anciennes mœurs étaient plus pures « que les mœurs modernes, complète erreur ; sur la nature de l'homme , « parce qu'on ne veut pas voir que l'esprit humain est perfectible. « Les gouvernements qui arrêtent l'essor du génie ressemblent à ces oise- « leurs qui brisent les ailes de l'aigle pour l'empêcher de prendre son vol. « Enfin on ne s'élève contre les progrès de la civilisation que par l'obses- « sion des préjugés ; on continue à voir les peuples comme on les voyait au- « trefois: isolés, n'ayant rien de commun dans leurs destinées. Mais si l'on