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on voit sur des chemins de fer glisser rapidement les lourds
charriols du commerce, et les petites rivières se resserrer en
canaux pour porter ses marchandises; et là où on se frayait
avec peine un chemin à travers les halliers, on voyage agréa-
blement sur une grande route qui la coupe, en franchissant son
sommet. Là aussi, sur des points élevés les regards sont atti-
rés par des télégraphes, Sphinx aériens, à l'aide desquels, les
nouvelles des événements importants se transmettent avec la
rapidité de la pensée, de la capitale à la seconde ville du
royaume. Que le génie de l'homme est grand comparé à sa
petite habitation! concluons-en, avec un grand écrivain du siè-
cle, qu'il est destiné à une plus haute demeure (1).

     (t) « Esl-il bon que les communications soient devenues aussi faciles? Les
«    nations ne conserveraient elles pas mieux leur caractère en s'ignorant les
«    unes les autres, en gardant une fidélité religieuse aux habitudes et aux
«    traditions de leurs pères ? J'ai vu dans ma jeunesse de vieux bretons mur-
«    murer contre les chemins que l'on voulait ouvrir dans leurs bois, alors
«    même que ces chemins devaient élever la valeur des propriétés riveraines.
     « Je sais qu'on peut appuyer ce système de déclamations fort touchantes ;
«    le bon vieux temps a sans doute son mérite ; il faut Se souvenir qu'un état
«    politique n'en est pas meilleur , parce qu'il est caduc et routinier ; an-
ci   trement, il faudrait convenir que le despotisme de la Chine et de l'Inde ,
«    où rien n'a change depuis trois mille ans, est ce qu'il y a de plus parfait
«    au monde. Je ne vois pourtant pas ce qu'il peut y avoir de si heureux à
«    s'enfermer pendant une quarantaine de siècles avec des peuples en en-
«    fance et des tyrans eu décrépitude.
   « Le goût et l'admiration du stationnaire viennent des jugements faux que
«  l'on porte sur la vérité des faits et sur la nature de l'homme ; sur la vérité
« des faits , parce qu'on suppose que les anciennes mœurs étaient plus pures
« que les mœurs modernes, complète erreur ; sur la nature de l'homme ,
« parce qu'on ne veut pas voir que l'esprit humain est perfectible.
   « Les gouvernements qui arrêtent l'essor du génie ressemblent à ces oise-
« leurs qui brisent les ailes de l'aigle pour l'empêcher de prendre son vol.
  « Enfin on ne s'élève contre les progrès de la civilisation que par l'obses-
« sion des préjugés ; on continue à voir les peuples comme on les voyait au-
« trefois: isolés, n'ayant rien de commun dans leurs destinées. Mais si l'on