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ces malheureux ont reçu de nouvelles blessures, mais pas
encore la mort. Ils l'appellent de tout ce qui leur reste de
forces : Achevez~nous\ ah! par pitié! achevez-nous! Des soldats,
des soldats français ! ah Dieu '. s'élancent le sabre ou la baïon-
nette à la main ^ e t , suivant que plus ou moins de pilié les
inspire, ils donnent une mort plus ou moins sûre! Enfin,
il ne reste plus que des cadavres. Les cadavres sont encore
l'objet de cette insatiable barbarie : ils ne seront point inhu-
més. On les jette dans le Rhône (1).
   Et le lendemain Collot-d'Herbois recommence. Il accroît
et le nombre des condamnés et même la durée de cette épou-
vantable agonie. Ils étaient deux cent neuf. Un d'eux s'était
échappé. Quand le carnage a fini, l'on compte deux cent dix
cadavres. On avait attaché , par méprise, deux commission-
naires de la prison avec les prisonniers. Leur plaintes, leurs
cris n'avaient pas été entendus. Collot-d'Herbois, présent à
ce spectacle, aperçut un soldat q u i , vaincu par l'horreur, ne
pouvait, n'osait tirer. Il lui arrache son a r m e : « Voilà, lui
« dit-il, comment tire un républicain. » E h ! que serait-ce
donc si nous entendions maintenant le monstre vanter au
comité de salut public ses plaisirs infernaux, insulter à ceux
des bourreaux ses collègues, qui n'ont eu encore recours qu'à
un supplice monotone et sans effet? Ce fut Barrère qui an-
nonça à la Convention le triomphe de la mort : « Les cada-
« vres des Lyonnais rebelles , ajoula-t-il, iront, portés par le
« R h ô n e , apprendre aux perfides Toulonnais le sort qui les
« attend. » Le fleuve en rejeta un grand nombre sur ses bords
La crainte de la contagion força enfin Collot-d'Herbois à leur
donner une sépulture (1).


  (1) Aucun cadavre ne fut jeté dans le Rhône : tous furent enterrés
sur place.
   (2) Les cadavres des deux cent neuf furent également enterrés sur place,
immédiatement après l'exécution. Ce sont les discours de Barrère à la Con-
vention nationale, discours empreints d'exagération, et même d'une exagération