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S13 d'infortune : on m'a oublié, c'est un malheur, car je n'existerais plus; mais il va être réparé, puisque je te vois. Le geôlier alla raconter ce fait au tribunal qui lit monter Grivet et l'interro- gea. Il parla du profond sommeil où il était plongé lors du départ des autres condamnés; et le tribunal, par l'effet d'une contradiction sans exemple, jugea à propos de le mettre en liberté. Un stratagème bien conçu a souvent sauvé son inventeur. Le sculpteur Chinard, proscrit pour avoir servi pendant le siège, de concertavec quelques amis , se fait arrêter au district, s'étant saisi de quelques papiers inutiles. On le livre à la police correctionnelle comme filou. Ce tribunal le condamme à un an de détention ; c'était son principal vœu, à l'aide d'un faux nom qu'il avait pris lors de l'instruction de cette affaire , et d'un énorme bonnet qui lui couvrait la moitié du visage, il resta ignoré dans cet asile pendant tout temps que durèrent les massacres. La guillotine n'avait pas rempli le vœu des b o u r r e a u x ; la fusillade et le canon chargé à mitraille furent choisis de p r é - férence, pour vomir la mort à grands flots. Les représentants du peuple craignaient d'ailleurs que la grande quantité de sang qui inondait la place des Terreaux, ne finit par irriter le peuple. On avait cependant creusé sur la place différents fossés pour y recueillir le sang. On transporta ailleurs le théâtre du carnage; et pour étayer celle nouvelle forme de donner la m o r t , les représentants dirent au peuple que sa vengeance n'était pas assez prompte; que ses ennemis devaient périr en m a s s e , et que la foudre seule pouvait hâter leur extermination. Pionsin, général de l'armée révolutionnaire, écrivit à la so- ciété des Cordcliers de Paris les moyens prompts qu'on allait employer pour se débarrasser en masse des contre-révolution- naires, et que le Pihône, teint de leur sang, irait annoncer aux fédéralistes du Midi leur destruction. Soixante-onze individus, choisis dans loulcs les classes et