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Les ouvriers, qui avaient beaucoup à se plaindre de la
morgue des négociants et de leur l u x e , qu'ils comparaient
à la modicité de leur salaire, étaient sans cesse ballotés
entre le parti de la Montagne et le parti royaliste , q u i , par
des motifs différents , visaient au même b u t , à la guerre ci-
vile. Celle classe d'hommes, peu éclairée , sans occupation,
et ne désirant que la vivification des ateliers , suivait aveu-
glément les impressions qu'on lui donnait sous le masque
d'un avenir plus heureux. Par l'effet d e l a n t de suggestions,
Chalier fut condamné et exécuté^ malgré le décret du 3 juillet,
qui rendait les dépositaires de l'autorité de celte ville res-
ponsables individuellement et sur leurs tètes des attentats
qui pourraient être portés à la sûreté des citoyens a r r ê t é s ,
détenus ou relaxés par suite des événements du 29 mai.
Peut-être eût-il été plus prudent ou plus généreux de lais-
ser la vie à Chalier, mais la vindicte publique voulait frap-
per en lui l'auteur des premières arrestations., de ces actes
arbitraires q u i , considérés comme l'effet d'un cerveau mal
organisé, n'en avaient pas été moins le signal des atrocités
municipales. Son supplice en fut donc la juste expiation , et
les Lyonnais ne durent y voir que l'exercice d'un droit con-
sacré légalement alors , le droit d e l à résistance à l'oppression.
Ce sentiment fut le premier mobile de leur insurrection ;
e t j en prenant les armes , ils devaient d'autant moins soup-
çonner une trahison , que tous les actes émanés de la Com-
mission départementale portaient l'empreinte de la r é p u -
blique une et indivisible, et qu'elle prenait elle-même la
dénomination de Commission populaire républicaine et de salut
public du département de Rhône-et-Loire.
C'est sous ce titre qu'elle fit paraître une proclamation des-
tinée à prémunir les citoyens peu éclairés contre les sugges-
tions dangereuses de la Montagne , qui venait de remporter
à Paris les triomphes du 31 mai el du 2 juin. Après avoir rap-
pelé dans cette proclamation les récents outrages faits au
peuple français dans- la personne de s-es représentants pros-