page suivante »
291 présenter pour être acquitté, quelques puissantes que fussent les preuves produites à leur charge. Bazire , Rovère et Legendre quittèrent L y o n , après avoir tout fait pour aigrir les esprits. Nommés pour pacifier cette ville , ils relevèrent un parti'qui marchait à grands pas au meurtre et au pillage. Ils lui tracèrent sa marche en accumu- lant proscriptions sur proscriptions , et en privant un grand nombre de citoyens de leur liberté. A leur arrivée , ils laissèrent ignorer à la Convention la si- tuation de cette ville ; Bazire dit seulement aux Jacobins : « Lyon est en mauvais état ; mais la foudre y fut-elle tombée, « notre dévouement à la Montagne et les sollicitations des Ja-, « cobins nous auraient fait revenir au plus vite. » Cependant, à Lyon , la municipalité , le déparlement e t les autres corps administratifs se réunirent sous la présidence du maire. La formation de L'armée révolutionnaire déjà arrê- tée par Chalier et ses adhérents est mise à exécution. Un co- m i t é , sous le titre spécial de Comité de salut public , fut éga- lement institué , et les représentants Albitte aîné , Gauthier , Moche et Dubois-Crancé, qui passaient par cette ville pour se rendre à l'armée des Alpes, sanctionnèrent ces différentes institutions. L'authenticité donnée à ces mesures, fut le signal des at- taques les plus effrénées contre les fortunes et la vie des ci- toyens. On arrête une contribution de 33 millions. Des m a n - dats impératifs sont décernés pour la perception de cette taxe monstrueusement exhorbitante. Quelques-uns de ces bulletins concussionnaires se montent à une somme de 400,000 livres; et ceux qu'ils frappent sont menacés de la perte de leur liberté. Toutes ces vexations ont un point fixe, le désespoir des Lyonnais , afin de déclarer leur malheureuse patrie en état de rébellion ; de l'ensevelir sous des monceaux de cadavres , et d'effacer à jamais jusqu'au nom de cette cité , naguères si florissante par son industrie , et digne objet de jalousie pour toutes les nations commerçantes.