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venlionnels comprirent le danger de telles émigrations et ne les
permirent plus. L'un d'eux refusa de recevoir son frère et sa
sœur et fit grand bruit de celte inhumanité patriotique.
  Précv vovait les Jacobins prêts à tenter un soulèvement »fa!iis-.:-
qu'on ne pourrait réprimer qu'à force de supplices. Il e m - , " - i , f - i
                                                                         cy.
 brassa une résolution dont il espérait le salut de ses frères-
 d'armes et qui paraissait propre à adoucir le sort de la géné-
 reuse ville; c'était de s'ouvrir, avec deux mille des siens, un
 passage à travers cette armée de soixanle-dix mille hommes
 répandus dans un vaste circuit., de suivre la Saône jusqu'à
 Montmerle, de passer par là celte rivière cl de se retirer par
 la Bresse dans la Suisse. Il espérait attirer ainsi tontes les fu-
 reurs de l'armée conventionnelle sur lui et sur des hommes
 appelés chaque jour à braver la mort. Celte troupe, si elle se
 sauvait, pourrait devenir le noyau d'une armée vengeresse:
 si elle élait taillée en p i è c e s , la Convention serait peut-être
 salisfaile du sang de deux mille h o m m e s . Jamais un brave
guerrier ne peut comprendre ce qu'il faut de victimes à la
cruauté des lâches.
    Le 9 octobre ( 1 ) , on se dispose dans la nuit à ce périlleux
voyage. Quelques maisons près du faubourg de Vaize sont
le lieu du rendez-vous. Les épouses, les sieurs, les filles,
les mères s'y rendent de tous colés avec les objets de leur
tendre affection. D'affreux pressentiments les poursuivent.
On frémit pour ceux qui partent, on frémit pour ceux qui
restent. Le moment de la séparation brise des courages q u i ,
depuis le 29 mai, ont subi lant d'épreuves. Il n'y avait que l'at-
tente d'un combat qui puisse les relever. Plusieurs des ad-
ministrateurs et des juges, quelque soit leur âge, entrent
dans les rangs des fugitifs. Un trésor qui se compose de cinq
cents mille livres en espèces et d'un million en assignais doit
pourvoir aux besoins de la troupe héroïque qui va quitter
les foyers paternels. Précy veille à t o u t , place les canons,

  (1) Voir, sur la sortie, la 17e livraison de la Revue du Lyonnais,