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forcerai chacun à convenir que je ne sacrifie jamais mon opi-
nion, fut-ce môme au plaisir de louer un ami.
    Ce ne sera donc qu'après plusieurs visites à l'Exposition ,
que nous émettrons notre opinion sur les œuvres des ar-
tistes qui ont rivalisé de talent pour faire de cette exhibition
une véritable solennité.
    Nous pouvons cependant,dès aujourd'hui, signaler , com-
me une grande révolution dans l'art, en province, la chute
complète de cet intraitable classique , qui voulait que chaque
élève, s'attachant à la robe d'un maître, ne se permit ja-
mais que les éternelles reproductions d'un éternel modèle.
Cette révolution est d'autant plus remarquable , que tout en
adoptant les idées nouvelles , on n'a pas oublié que dans les
arts d'imitation la forme devait être respectée d'abord ; non ,
cette forme qui affecte un grandiose de. convention, mais
celle qui est la nature noble , épurée , la nature du génie en-
fin ! Les peintres qu'on aurait cru les plus disposés a ne pas
faire de concessions au mouvement dont on ne peut nier
l'effet, se reconnaissent à peine sous leur nouvelle bannière,
 et ce qui n'est pas moins digne d'éloge, c'est la sagesse avec
laquelle la plupart ont renoncé aux succès de la foule , pour
entrer dans une voie large et vraie, qui leur gagnera le
suffrage des artistes et des vrais amateurs.
    M. Flandrin, qu'il faut citer à la tête de ces courageux
jeunes gens , et qui paraît s'être concentré dans de profondes
études sur les maîtres grands et hardis , tels que Rubens et
le Guercbin , n'est pas celui qui aura le moins fait pour sa ré-
 putation.
    M. Bonnefond ne fait pas inoins d'effet à l'exposition qu'à
l'atelier , et ceux qui ont subi l'épreuve d'un salon savent
 si c'est un petit mérite.
    M. Biard nous montre encore une fois combien l'esprit peut
 suppléer à de mauvaise pratique sous le rapport de l'art, et
M. Cornu s'est chargé de nous prouver qu'un bon portrait
 peut être un excellent tableau. Quant à M. Jacquand, nous