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t 450 forcerai chacun à convenir que je ne sacrifie jamais mon opi- nion, fut-ce môme au plaisir de louer un ami. Ce ne sera donc qu'après plusieurs visites à l'Exposition , que nous émettrons notre opinion sur les œuvres des ar- tistes qui ont rivalisé de talent pour faire de cette exhibition une véritable solennité. Nous pouvons cependant,dès aujourd'hui, signaler , com- me une grande révolution dans l'art, en province, la chute complète de cet intraitable classique , qui voulait que chaque élève, s'attachant à la robe d'un maître, ne se permit ja- mais que les éternelles reproductions d'un éternel modèle. Cette révolution est d'autant plus remarquable , que tout en adoptant les idées nouvelles , on n'a pas oublié que dans les arts d'imitation la forme devait être respectée d'abord ; non , cette forme qui affecte un grandiose de. convention, mais celle qui est la nature noble , épurée , la nature du génie en- fin ! Les peintres qu'on aurait cru les plus disposés a ne pas faire de concessions au mouvement dont on ne peut nier l'effet, se reconnaissent à peine sous leur nouvelle bannière, et ce qui n'est pas moins digne d'éloge, c'est la sagesse avec laquelle la plupart ont renoncé aux succès de la foule , pour entrer dans une voie large et vraie, qui leur gagnera le suffrage des artistes et des vrais amateurs. M. Flandrin, qu'il faut citer à la tête de ces courageux jeunes gens , et qui paraît s'être concentré dans de profondes études sur les maîtres grands et hardis , tels que Rubens et le Guercbin , n'est pas celui qui aura le moins fait pour sa ré- putation. M. Bonnefond ne fait pas inoins d'effet à l'exposition qu'à l'atelier , et ceux qui ont subi l'épreuve d'un salon savent si c'est un petit mérite. M. Biard nous montre encore une fois combien l'esprit peut suppléer à de mauvaise pratique sous le rapport de l'art, et M. Cornu s'est chargé de nous prouver qu'un bon portrait peut être un excellent tableau. Quant à M. Jacquand, nous