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451 lui reprocherons de préférer toujours un peu trop les costu- mes et les meubles aux ligures. Les paysages abondent cette année au salon; tous ceux qui ne savent pas mettre une tête ensemble, ni dessiner un bras sans le casser, se croyent autorisés à faire du paysage; et s'ils ne réussissent pas à fabriquer un arbre à écorce de chêne et à feuilles d'yeuse, s'ils ne peuvent pas modeler une pierre sans lui donner l'apparence d'un ballot de coton, ils font alors des aquarelles, où ils ne mettent rien du tout. A la tête de la nombreuse liste des paysagistes qui ont ap- porté leur tribut à l'Exposition , il faut placer M. Guindrand qui touche au but où nous le voyons tendre depuis longtemps. Avec une constance , malheureusement bien rare , il s'est attaché à une manière que tout d'abord on a critiqué faute de la comprendre, et que lui-même n'exprimait pas peut- être aussi bien qu'il la sentait; mais des essais répétés lui ayant révélé tout ce qu'il pouvait demander à sa riche et puissante organisation, il a triomphé de tous les obsta- cles dont sa route était semée, et est arrivé à rendre la nature telle qu'elle se manifeste spontanément à l'âme, et telle aussi que la réflexion la recompose chez l'artiste de sentiment et de goût. M. Guindrand a exposé plusieurs tableaux que nous avons vus avec trop de plaisir, pour ne pas nous y arrêter à notre prochaine visite. Nous dirons aussi un mot de M. Désombrages dont nous ne connaissions rien encore et chez lequel nous avons cru remarquer une fâcheuse tendance à l'imitation. Il sem- ble avoir pris pour modèle un de nos jeunes artistes du- quel nous avons de bonnes raisons pour ne pas dire de mal; mais quelque soit le bien que nous en pensions,nous conseillerons à M. Désombrages d'être lui avant tout, et de n'imiter personne; cette disposition à affecter le travail de brosse de tel ou tel, a plus étouffé de talents qu'elle n'en a fait naître. J'aime peu en général les tableaux d'église, et je crois