page suivante »
308 besoin d'être vengée promptement, et qu'il fallait en envoyer tous les jours soixante à la mort. Collol-d'Herbois écrivit aux Jacobins de Paris. Il invita de choisir dans leur sein de coura- geux Jacobins pour accélérer le jugement des Lyonnais, ajou- tant qu'il n'y avait pas vingt patriotes à Lyon. Ainsi d'après celle i e l t r e , on doit présumer que la municipalité , le club et le tribunal n'étaient pas encore assez à la hauteur. Les Jacobins envoyèrent aussitôt une colonne de l'armée révolutionnaire commandée par Ronsin et Parrein; ce der- n i e r , ex-avocat et orateur du faubourg Saint-Antoine à Paris. Les soldats de l'armée révolutionnaire furent choisis à des- sein parmi tout ce qu'il y avait de plus exécrable dans ce corps. Ils furent suivis d'une compagnie de canonniers. Les n o m m é s Antoine et Lafage, m e m b r e de la société, parti- r e n t également pour Lyon. Aussitôt une commission de cinq membres fut installée ; Parrein la présidait. Il avait pour collègues Lafage, Brunières, Serpe t., Courchand, Marcellin, Yaucroy et Andrieu l'aîné. Ce tribunal de sang v o u l u t , à l'exemple des Grecs, juger en plein air; mais juger n'était pas leur vœu : cette marche n'aurait pas frayé aux déte- nus la roule de l'échafaud. Cette commission signala son ins- tallation par l'envoi de 209 individus au supplice. C'était la fusillade ; maïs avant de narrer celle épouvantable anecdote, remontons à la source des jugements des deux commissions. L'interrogatoire qu'on fesait subir était court et précis. Trois questions en faisait souvent la b a s e : Quel est Ion nom , la profession? Qu'as-tu fait pendant le siège? Es-tu dénoncé? Ces lieux communs que les tribunaux de la tyrannie avaient a d o p t é , tels que les dénonciations de fanatisme, de haine pour les sans-culottes, pour l'égalité; l'inlerprétation des discours et des gestes les plus i n n o c e n t s , le propos le plus l é g e r , enfin la moindre indiscrétion suffirent pour motiver celte foule d'arrêts qui couvrirent les places de Lyon de sang et de carnage. Au milieu de toutes ces horreurs, plusieurs des accusés conservèrent tout le califfe de l'innocence, et