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309 leurs réponses laconiques annoncèrent leur mépris pour leurs bourreaux et la haine m ê m e de la vie. Marie Adrian , jeune fille de seize ans , velue en homme , avait servi au canon pendant le siège. Traduite devant ces juges, ils lui dirent : Comment as-tu pu braver le feu et tirer le canon, contre ta patrie ? — C'était au contraire pour la défen- dre, répondit-elle. Une autre du même âge et aussi intéressante ne voulait pas porter la cocarde. Interrogée sur le motif de son refus : Ce n'est point la cocarde que je hais, dit-elle ; mais comme vous la portez,, elle me paraît le signal du crime; elle déshonorerait mon front. Lafage fit signe d'attacher une cocarde au b o n - net de la jeune accusée. Vas, lui dit-il ensuite, en portant celle-ci tu es sauvée. Aussitôt elle se lève de sang-froid, détache cette cocarde et ne répond aux juges que par ces mots : Je vous la rends. Elle sort aussitôt et court à la mort. La citoyenne Marie Lolière , femme Cochet, avait telle- ment pris la faclion de la Montagne en aversion , qu'elle avait dit hautement qu'elle couperait la tête d'un représentant du p e u p l e , et qu'elle la porterait au bout d'une pique. Elle fut guillotinée pour ses propos et pour avoir donné l'exemple de la rébellion en portant les armes contre sa patrie , et en se travestissant en homme pour mieux exécuter ses desseins. Un commandant de bataillon de la garde nationale récla- m a i t , auprès du t r i b u n a l , la liberté de son frère. Il avait laissé son épée au corps-de-garde placé à l'entrée du tribu- nal. Les soldats la tirèrent par curiosité du fourreau. Mal- heureusement celte épée qui était ancienne portait l'em- preinte de trois fleurs de lys. Ausslôt elle est mise sous les yeux des juges. Ge commandant étonné se trouble dans ses moyens de défense. Tu venais, lui dit-on, réclamer ton frère, tu partageras sa prison et son jugement. Un accusé du nom de Calas se présente. Etais-tu, lui deman- dent les juges , parent de ces Calas que des parlementaires ont fait rouer ? Sur l'affirmation ; sois libre, lui dit-on, ton parent te