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303 « aristocrate. » Ainsi, bravant le deuil public, et se jouant de la famine qui régnait dans les murs de L y o n , ils com- mandèrent au père de sourire à la vue de ses enfants expi- rants de besoin ou assassinés. Ils voulaient étouffer jusqu'à cette douloureuse mélancolie que la nature a voulu attacher au don sacré de la maternité. Comme la présence et l'arrêté des représentants né com- mandaient pas la gaîté des Lyonnais, Collot-d'Herbois écrivit à la Convention que l'aristocratie était peinte sur le visage des L y o n n a i s , que leur haine pour la république s'y lisait p a r l e u r air soucieux, comme si une ville, menacée à chaque instant de pillage, de démolition, et dont les habitants étaient sous les poignards des sicaires du club Chalier, devait s'abandonner à l'allégresse. Il ne manquait plus à la folie révolutionnaire que de di- viniser le c r i m e , en faisant l'apothéose de Chalier; ils indi- quèrent pour cette fêle un jour destiné à celle de notre an- cien culte (1). Celle circonstance ne fit qu'ajouter au ridicule et à l'horreur dont se couvrirent dans cette journée les p r o - moteurs des Lyonnais , en leur présentant pour idole ce Cha- lier, l'ennemi de son repos et de son bonheur. Le sénat r o - main {lécerna des honneurs divins à ses tyrans. Le peuple français , dit souverain , fait brûler de l'encens aux pieds des siens. Le jour fixé pour la fête de Chalier, son image est p o m - peusement promenée dans les rues de Lyon ; des hommes et des femmes la portent avec respect; d'autres hommes sont chargés de vases sacrés ; au milieu d'eux est un â n e , couvert d'une chappe et coiffé d'une mitre : à sa queue sont suspen- dus la Bible et l'Evangile. On brûle le corps supposé de Cha- l i e r , et ses cendres sont pieusement distribuées aux secta- teurs de sa morale. L'Evangile et la Bible sont brûlés, et on jette les cendres au vent. Celle cérémonie s'acheva par faire (1) Le dimanche 10 novembre.