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304 boire l'âne dans un calice. On agila ensuite de consacrer le reste de cette journée en immolant tous les prisonniers aux mânes de Chalier. Ce massacre, auquel ces indignes parti- sans applaudirent, eut peut-èlre été exécuté sans un orage violent qui dissipa tout à -coup cette odieuse fête. La com- mune de P a r i s , à qui le club lyonnais avait envoyé le cœur de Chalier, s'empressa également de célébrer des fêles en son honneur. La réintégration de ce c l u b , dont les senti- ments s'accordaient si bien avec les siens, établissait entre les deux plus grandes cités de la F r a n c e , une correspon- dance et une unité d'action qui devaient, du Nord au Midi, faire tout courber sous la tyrannie révolutionnaire. Le sang des Lyonnais, que l'on avait déjà commencé à verser sur l'échafaud, celui que l'on se proposait de verser encore , la plupart des ennemis de Chalier, frappés de la h a c h e , le reste n'attendant plus que l'instant où la rage des bourreaux devait s'appesantir sur eux , offrirent aux r e p r é - sentants du peuple un triomphe trop digne de la Montagne, pour ne pas lui en faire hommage ; en conséquence ils adres- sèrent la lettre suivante à la Convention nationale : Commune-Affranchie, 20 brumaire, an 2 de la République française, une et indivisible (10 novembre 1795). Citoyens collègues, L'ombre de Chalier est satisfaite : ceux qui dictèrent l'arrêt de son sup- plice sont frappés de la foudre; et ses précieux restes, religieusement re- cueillis par les républicains, vienneut d'être portés en triomphe dans toutes les rues de Commune-Affranchie. C'est au milieu même de la place où ce martyr intrépide fut immolé à la rage effrénée de ses bourreaux, que ses cendres ont été exposées à \x vé- nération publique et à la religion du patriotisme. Aux sentiments profonds et énergiques qui remplissaient toutes les r.mes, a succédé un sentiment plus doux , plus touchant ; des larmes ont coulé de tous les yeux à la vue de la colombe qui l'avait accompagné et consolé dans son affreuse prison, et qui semblait gémir auprès de son simulacre. Tous les cœurs sont dilatés; le silence de la douleur a été interrompu par les cris mille fois répétés: Vengeance! vengeance! Nous le jurons, le peuple sera vengé ! Notre courage sévère répondra à sa