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   Cependant Nivière-Chol, accablé de dégoûts, avait refusé
la place à laquelle on venait de le nommer pour la seconde
fois. Le médecin Gilibert en fut pourvu. Bertrand, l'associé et
le partisan de Chalier, avait eu assez de voix pour balancer
cette nomination. Gilibert fut précipité dans les cachots , d'où
il ne sortit qu'en donnant sa démission. Les clubistes triom-
phèrent ; Bertrand fut installé maire , et Legendre vint à la
Convention se vanter d'avoir forcé les Lyonnais d'accepter un
maire sans-culotte.
   Alors les plaintes des Lyonnais, sur les vexations munici-
pales et proconsulaires , furent traitées de cris séditieux. On
fascina les yeux du peuple en lui faisant sans cesse appréhen-
der ses anciennes chaînes, et l'on fit dépendre son salut de la
création d'une force armée , destinée à maintenir le départe-
ment dans un état de révolution. Ce corps , sous le litre d'ar-
mée révolutionnaire, devait être soldé par les riches ; et Cha-
lier et ses partisans se réservaient secrètement les moyens
d'exécution.
   Lyon fut bientôt tapissé de placards maratistes » qui ne
servirent pas peu à réchauffer l'audace de ces brigands. Parmi
ce grand nombre d'écrits incendiaires, on en distingue un
remarquable par le serment de trois cents prétendus répu-
blicains. Telle était à peu près la conclusion de cet horrible
écrit : « Nous jurons d'exterminer quiconque ne pense pas
« comme nous ; ce sont nos ennemis, et leurs cadavres san-
« glanls , jetés dans le Rhône , porteront la terreur aux mers
« épouvantées. »
    Les bons citoyens étaient dans la consternation. Le 15 avril,
huit mille hommes se rassemblèrent dans l'église des Augus-
t i n s , et arrêtèrent d'envoyer trois commissaires aux r e p r é -
sentants , afin d'obtenir la liberté de s'assembler en sections,
à l'instar des habitants de P a r i s , pour procéder à l'examen
de la conduite de la municipalité. Legendre , à qui ses com-
missaires s'adressèrent, leur dit qu'il ne leur permettrait pas,
 dussent-ils le couper en 84 morceaux : Prenez-vous les repré-
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