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                     CHRONIQUE. - LYON.


        DUFAVEL. — FRANÇOIS PELOUX. — BARTHELEMY ANEAU.

     C'estseulementjeudi 14 septembre, à deux heures et demie du matin, que le
  génie est parvenu, après 15 jours de travaux, à dégager de sa menaçante re-
  traite le puisatier Jean-Louis Dufavel, enseveli, depuis le 2 septembre, sous
  un éboulement provenant des parois d'un puits creusé dans un champ ap-
 partenant au sieur Moulins à Champvert. Arrivés à la profondeur de 65 pieds
  les ouvriers s'étant aperçus que les tambours destinés à retenir les terres flé-
  chissaient sous la pression, étaient remontés en toute hâte, mais Dufave'
  ayant oublié sa benne et sa pioche crut avoir le temps de redescendre et se
 trouva pris par l'éboulement et pfotégé par le croisemement de quelques
 planches qui étampaient le terrain. C'est par la perforation de l'une d'elles,
 à l'aide de son couteau, qu'il a établi une communication avec le dehors,
 reçu les secours de la religion et des alimens jusqu'au moment où les soldats
 du génie, si heureusement dirigés parle capitaine Roubaud et le lieutenant
 Pardon, ont pu le retirer par le moyen d'un autre puits creusé à cet effet et
 d'une galerie pratiquée jusqu'au lieu où il était prisonnier. Dufavel a été bien-
 tôt entraîné hors de la galerie, et malgré ses intances pourqu'on le laissa re-
 monter par la corde du puits, il a été forcé d'attendre qu'un des médecius
présents eût constaté son état. Placé sur un fauteuil suspendu à la corde il
 est alors remonté et a été transporté au milieu des vivat et des torches,
jusques chez l'un des plus proches voisins , M. Daflond.
    Toute la ville s'est intéressée au sort de ce malheureux ouvrier, et le théâtre
de l'événement a été constamment couvert de curieux. Les dons recueillis
sur le lieu même par de charitables dames, propriétaires de maisons de cam-
pagne voisines, les souscriptions des journaux et la pension que la philantropi-
que Mlle de la Balmondière assure à cet infortuné père de famille , lui pro-
mettent, en échange de ses longues angoisses, une existence désormais à l'abri
du besoin. Dans cette circonstance, et c'est une justice que nous aimons à
rendre à chacun, citoyens et magistrats, tout le monde a fait son devoir.
  Un accident semblable, arrivé en 1552, nous a été conservé par Barthélémy
Aneau, principal du Collège de Lyon, mort en 1561, massacré par le
peuple. Il se trouve consigné dans un de ses ouvrages en vers latins intitulé :
Picla poesis, traduit par lui-même en vers français sous le titre d'Imagination