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r'eux sur les hommes dont il a été l'ami, le flatteur, la victi-
me , sur les évecements que tantôt il a dirigés , et qui tantôt
l'entraînaient dans leur course impétueuse. Rien ne contraste
plus avec la société d'alors que le caractère doux et pacifique
de Apollinr-'re Sidoine. A la vue de ces effroyables calamités
dont le genre humain semble ne jamais devoir se relever,
Salvien laisse échapper un cri de joie sauva.ge ; il est pour
les barbares contre Rome , pour le Christ contre Jupiter ; il
aspire à pleines narines tout le sang versé dans les combats
de gladiateurs. Il a devant les yeux les saturnales gigantesques
de l'empire , et il bat des mains à l'invasion qui doit nettoyer
les élables d'Augias. Rien de pareil dans Apollinaire Sidoine,
l'élégant et voluptueux patricien : les longs cheveux graissés
de beurre des Burgondes lui inspirent un profond dégoût; il
regrette les dieux de l'Olympe sous Pétole de l'évêque , et se
contente de railler , par des épigrammes, les farouches vain-
queurs qu'il maudit intérieurement. Apollinaire Sidoine sut
néanmoins remplir au besoin ses devoirs de prêtre , et si ses
paroles sont presque toujours païennes, ses actes sont d'un
chrétien. Rien de plus curieux et de plus divertissant pour
nous., ûls et descendants de ces grossiers barbares , qui avons^
à notre tour, dépassé de bien loin la mollesse et le luxe ro-
main, que cette coquetterie de regrets de la part de Apolli-
naire Sidoine. La traduction de MM. Grégoire et Collombetest
exacte et fort littéraire, leurs notes sont savantes et nom-
breuses.