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246 r'eux sur les hommes dont il a été l'ami, le flatteur, la victi- me , sur les évecements que tantôt il a dirigés , et qui tantôt l'entraînaient dans leur course impétueuse. Rien ne contraste plus avec la société d'alors que le caractère doux et pacifique de Apollinr-'re Sidoine. A la vue de ces effroyables calamités dont le genre humain semble ne jamais devoir se relever, Salvien laisse échapper un cri de joie sauva.ge ; il est pour les barbares contre Rome , pour le Christ contre Jupiter ; il aspire à pleines narines tout le sang versé dans les combats de gladiateurs. Il a devant les yeux les saturnales gigantesques de l'empire , et il bat des mains à l'invasion qui doit nettoyer les élables d'Augias. Rien de pareil dans Apollinaire Sidoine, l'élégant et voluptueux patricien : les longs cheveux graissés de beurre des Burgondes lui inspirent un profond dégoût; il regrette les dieux de l'Olympe sous Pétole de l'évêque , et se contente de railler , par des épigrammes, les farouches vain- queurs qu'il maudit intérieurement. Apollinaire Sidoine sut néanmoins remplir au besoin ses devoirs de prêtre , et si ses paroles sont presque toujours païennes, ses actes sont d'un chrétien. Rien de plus curieux et de plus divertissant pour nous., ûls et descendants de ces grossiers barbares , qui avons^ à notre tour, dépassé de bien loin la mollesse et le luxe ro- main, que cette coquetterie de regrets de la part de Apolli- naire Sidoine. La traduction de MM. Grégoire et Collombetest exacte et fort littéraire, leurs notes sont savantes et nom- breuses.