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84 sans résultat solide ; bientôt le glaive des régiments rem- plaça le glaive des tribunaux ; le despotisme arriva , porté sur les pavois, paré de lauriers et de drapeaux conquis, des- potisme organisé, systématique, froid, destructeur, idéicide, comme on aurait dit alors ; car s'il reconnaissait des libertés ^ encourageait la propriété et facilitait les moyens d'acquérir, il éteignait les grandes pensées et immobilisait le siècle dans sa marche. De là à nous il n'y a qu'un pas, mais ce pas est rétrograde. Nous avons une charte, c'est vrai, trois pouvoirs coordonnés qui traînent et guident le char de l'Etat, sécurité dans nos foyers, liberté civile et religieuse, moins de crimes , plus de bien-être ; mais l'argent, ce tyran qu'on reconnaît, qu'on subit sans l'avouer, nous presse, nous écrase, nous broie les uns contre les autres ; car, sans lui, rien n'existe, puisque la propriété est tout, et que tous n'y sont pas appelés. Mais la pensée est muette ou bâillonnée, puisque toute liberté a ses restrictions. Mais le génie meurt avant d'être parvenu à se faire recon- naître , parce que l'empire sublime de la loi, qui est tout après l'argent* ne saurait empêcher l'artiste de voler, s'il a faim, ou de mourir au coin d'une borne. Mais les Génies qui survivent se rassemblent, se confédè- rent, se liguent, deviennent exclusifs , parce que les acadé- mies sont privilégiées et les académiciens seuls nourris à la table qu'on nomme budjet. Alors la foule savante qui n'a pu percer, végète et renonce à son art , parce que la nation ne peut consacrer assez de fonds et de discernement en encou- ragements et récompenses. Yoilà , quant aux œuvres d'art, les résultats actuels de l'ex- trême civilisation, du bien être, de l'égoïsme ; et le plus grand "niai n'est pas dans l'existence même de cet égoïsme, mais dans ses suites, mais dans le sentiment envieux qui s'attache à toute supériorité qui s'élève et passe les bornes ordinaires. Mais surtout dans l'art perfide avec lequel on a su persuader