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5H             TROIS MOIS AU-DELA OES ALPES.

son dorée de Néron et quelques arcs de triomphe. De la lon-
gue et ténébreuse époque du moyen-âge, rien, absolument
rien. Pourquoi cette lacune dans la chaîne des temps au
sein même de la ville éternelle ? CM lo sa ? me dit un Italien.
Et la science historique que peut-elle répondre ?
   Pour l'étranger qui parcourt pour la première fois cette
antique cité, c'est un dédale inextricable. Un profond sen-
timent de découragement et d'ennui s'empare de son âme.
Il croit voir plutôt la capitale de l'abandon et de l'oubli que
le siège, par excellence, des traditions religieuses, artistiques
et civilisatrices du monde.
   Mais à peine a-t-il cherché à se rendre compte, à pousser
plus loin l'inquiétude de ses investigations ; à peine a-t-il
soulevé par quelque coin le voile ténébreux qui couvre cette
reine déchue, qu'il demeure fasciné, ébloui... 11 se demande
alors, comment il n'est pas venu plus tôt lui-même se dé-
saltérer a de si fraîches eaux de poésie et de foi. Il s'étonne
que toutes les générations de la terre n'y aient pas passé
au moins quelques jours afin de puiser une sève nouvelle
Et a la place de cette froide indifférence qui commençait à
envahir son cœur, succède un de ces entraînements qui le
transportent d'admiration. Rome n'est-elle pas sa véritable
patrie ? Sciences, poésie, foi, tout est là enseveli pêle-mêle.
Il ne s'agit que de mettre soi-même en lumière l'objet de sa
convoitise. La vie, partout ailleurs, si vide et si plate, sauf
de rares exceptions, lui devient ici simple et facile. 11 di-
rige ses pas où bon lui semble ; les basiliques, les musées,
les palais sont à sa disposition; il les visite, il les copie tout
à loisir. Cet éclat, cette multiplicité de formes et de couleurs
fatiguent-ils sa vue ? son intelligence éprouve-t-elle une
certaine lassitude d'analyser, déjuger tant de chefs-d'œuvre?
vite, pour quelques paoli, il quitte la cité et se rend dans
une villa où son être tout entier trouve un repos réparateur.