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SUK LE GRAND-THÉÂTRE DK LYON. 331 Si l'on eût voulu rendre les abords de ce monument d'une cir- culation facile et commode, il eût fallu élargir et aligner toutes les rues dont nous venons de parler et, par conséquent, en rebâtir les maisons. C'était tout un quartier à régénérer, c'est-à -dire trente ou quarante millions à dépenser. L'Administration de ce temps-là . n'était pas armée d'un pouvoir qui lui permît d'entreprendre dés améliorations aussi considérables que celles qui s'accom- plissent maintenant ; elle eût été obligée d'y mettre cinquante ans au moins (1) puisqu'aujourd'hui, en 1855, trente ans après, mal- gré tous les efforts qu'on n'a cessé de faire, il n'y a que quatre rues d'alignées, celles d'Algérie, de Constantine, des Bouquetiers et de la Palme. L'administration a donc été sage dans sa déei sion ; elle a préféré dépenser 1,200,000 fr. pour acheter le seul emplacement convenable sous tous .les rapj orts, plutôt que d'en dépenser trente ou quarante fois autant pour n'avoir rien de mieux, quant à la position du Grand-Théâtre (2) et faire contrac- ter à la ville une effroyable dette. D'un autre côté, les proprié- taires du quartier des Terreaux , du port St-Clair et du quai du Rhône pétitionnèrent pour que le théâtre ne fût pas déplacé et les abonnés qui, à eux seuls, soutenaient la direction pendant l'été, déclarèrent qu'ils ne s'abonneraient plus si le théâtre était changé de quartier. L'administration eut alors un iustant l'idée d'acheter les maisons situées sur la place de Terreaux, en face de l'Hôtel-de-ville, pour y placer le Grand-Théâtre. Mais la dé pense étant bien au-dessus des 1,200,000 demandés par les pro priétaires de l'ancien, ce projet dut être abandonné aussi. L'au- torité n'a donc pas pu faire dans le temps autre chose que ce qu'elle a fait. (1) M. Bellin (page 2) convient que pour réaliser les projets d'embellis scraent qui sout aujourd'hui en voie d'exécution, il eût fallu, au temp^ passé, plusieurs siècles de travaux. (2) Le seul agrément qu'on eût pu eu retirer était d'avoir la façade principale sur le quai et un théâtre un peu plus spacieux, niais ces avan tages n'étaient nullement compensés par les autres inconvénients, notai» ment par la dépense que ce projet aurait nécessité, dépense que la ville n'avait à celle époque aucun moyen d'acquitter.