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254                             .NÉCROLOGIE.
provise , que l'ambition caresse , et que le caprice détruit, mais de cette
popularité sereine que le dévoûment mérite, que l'estime propage, et que
la reconnaissance perpétue. La mort brise les popularités vaines. Elle im-
prime aux autres le sceau de l'immortalité.
   La renommée de M. Mcnoux est toute lyonnaise ; celle qui grandit près
de notre berceau est toujours la plus pure et la plus sûre. M. Mcnoux était
né dans nos murs ; sa jeunesse commença par le généreux dévoûment à sa
famille , puis vint le dévoûment à la patrie. Son courage ne faillit pas aux
jours d'une héroïque résistance, et l'orage grondait encore quand , à la tête
d'une députation lyonnaise , il osa se présenter à la barre de la Convention
pour faire rendre à sa ville son nom glorieux effacé par la fureur de ces
temps barbares et insensés qui voulurent supprimer l'histoire. Il eut le
courage de demander la révocation du décret, le bonheur de l'obtenir.
Un tel souvenir illustre toute une vie. En reconquérant le nom de sa pa-
trie, il avait immortalisé le sien dans ses annales. Le jeune fils de la cité
était devenu un de ses patrons, et ce grand acte de piété municipale peut
être loué même ici, dans cette religieuse enceinte, car il honorait les plus
saintes reliques de nos pères et les tombeaux de nos plus lointains descen-
dants.
   M. Mcnoux avait plus que personne le droit de redemander le nom de
sa patrie, car il est de ceux qui l'ont honorée. Il fut admiré souvent, es-
timé toujours, aimé surtout avec cette unanimité, sincère et respectueuse
qui contraste avec les indifférences de l'époque, et fait la plus rare et la
plus glorieuse récompense des hommes publics.
   M. Menoux était aimé parce qu'il était aimant. Son exquise préve-
nance n'était ni un cilcul ni un effort. C'était l'épanchement naturel et
transparent qui jaillissait sans cesse d'une âme bienveillante et élevée :
c'était la sensibilité exprimée par la grâce , nature vraiment privilégiée où
tout semblait s'épanouir parce que tout y éîait pur et fécond. Il mettait
son plaisir à se montrer agréable à chacun , sa gloire à se rendre utile à
tous.
   Cette bonté n'était ni timide ni banale. Il ne ressemblait pas à ces âmes
molles et élastiques toujours prèles à s'imprégner de toutes les opinions et
à se courber devant toutes les volontés. L'urbanité de son langage n'alté-
rait pas la fermeté de sa pensée, sa conciliation n'était pas la faiblesse , et
on l'a vu faire à sa dignité les plus nobles sacrifices , sans hésitation comme
sans fracas. Mais s'il ne se laissait pas aller à toutes les opinions, il possé-
dait un charme ineffable pour faire aimer la sienne ; chacun sortait content
de son entretien, parce qu'il avait des conseils pour toutes les perplexités,