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292                CORRESPONDANCE INÉDITE

de Saint-Sulpice t-n Bugey, dont il rapporta les titres que
 nous voyons figurer dans les Preuves de son livre. Ces ab-
bayes possédaient alors la collection intégrale de leurs titres.
 L'abbaye de Saint-Sulpice avait eu pour fondateur Amé III,
en faveur duquel la Savoie avait été érigée en Comté, par
l'empereur Henri IV, et qui, le premier de sa race, porta le
titre de Comte de Savoie. Ce prince, touché par les prédica-
tions de saint Bernard, abbé de Clairvaux, partit pour la Croi-
sade après s'être concilié la faveur céleste par la fondation
de plusieurs monastères, uolammenl par l'abbaye de Haute-
Combe (1125) et celle de Saint-Sulpice (1130). Les chroni-
ques de Savoye racontent comme il suit les circonstances qui
motivèrent la fondation de cette dernière abbaye : (Monu-
menla hisloriœ patriœ. — Scriptoruin, tomus 1).
   « Comment le comte Àmé, comte en Moriane et premier
« comte en Savoye, fonda l'abaye de Saint-Sulpice.
    « Estant T comte Àmé avecques la comlesseGuygonne, la-
               e
 « quelle n'entendoil qua faire joyeuse chiére, la nuict quant ils
 « furent couchiez, la comtesse print a soupirer moult aspre-
« ment, et le comte qui pas ne dormoil, ly print a dire :
« Ma Dame et ma Mye, qui vous meut à ainsy souspirer?
« Vrayment ce m'est un grand desplaisir ; diles-moy se vous
« aves riens sur voslre cuer. — Et lors la Comtesse ly dit :
« Monseigneur, cerlaynemenl j'ay une chose sur le cuer que
 « voulontiers vous diroye : —Or, dilles.—Monseigneur, vous
 « savez comment il a plu à Noslre Seigneur de nous donner
 « nostre chierfilsHumberl, et je liens que ce fist Dieu à cause
 « de la promesse et do veu que vousfistesque vous fonderiez
 « une religion de l'ordre de Monseigneur saint Bernard qui
:« abbé fust de Clerevaux se il nous donnoil lignée ; or, nous a
 « Dieu donné ce beaufilset encores vous n'avez ne commencé
« ne esploilé à quelque chose de vostre promesse; sy double
 « fort que Dieu ne s'en courrouce à rencontre de nous et