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Mme RISTORI, 445 de vile entremetteuse comme l'GEnone d'Euripide et de Racine. C'est une seconde mère, digne, vénérable, compatissante et pure, tout à fait dans les données ordinaires de la poésie antique, de la poésie du temps de Sophocle et d'Homère. Sa présence contribue à assainir la pièec, et je n'hé- site pas à dire qu'en traçant cette figure le dramaturge italien me semble avoir été mieux inspiré que le tragique français. La grande scène du 3 e acte, avec sa partie chorique, est d'un bel effet ; il a suffi au poète de donner, à ce moment là , à sa tragédie, une allure un peu religieuse, une couleur plus conforme aux mœurs grecqvies, pour qu'elle revêtît aussitôt un caractère de grandeur qu'elle n'a malheureusement pas toujours. Cinyras et Cécris ne sont, en effet, que de bons et honnêtes bourgeois qui, ne pouvant parvenir à découvrir la cause du mal dont souffre leur fille, s'en lamentent fort. Perée vaut mieux. Il nous semble aussi qu'il y avait peut-être un meilleur parti à tirer de l'intervention de la fatalité dans la conduite de la pièce. Mais pour cela, il fallait se placer au point de vue de l'antiquité et considérer la fatalité, non pas comme la fan- taisie cruelle de quelque déesse irritée, un caprice, de Vénus, non pas même comme une force aveugle et supérieure, mais comme étant une loi même du monde moral, la manifestation mystérieuse de la justice divine, toujours terrible et clairvoyante. Si dans la tragédie d'AHieri, Myrrha eût compris qu'elle expiait, victime innocente, le crime resté inconnu do quelque membre de sa famille, l'horizon tragique se serait immédiatement élargi ; un souffle de terreur religieuse l'aurait traversé. Tel est le drame d'Alfieri. Avec quelle énergie, quelle prodigieuse variété d'effets, Mme Ristori en a rendu le principal rôle, ceux qui ont ou la bonne fortune de la voir dans Myrrha ne l'oublieront jamais. Dès son entrée en scène, pâle de honte, haletante, le visage décomposé, elle laisse déjà percer, avec le délire monstrueux qui l'agite, sa ferme résolution de mourir. Ce n'est pas seulement Vénus tout entière à sa proie attachée, c'est la sombre Erinnys, comme le disent Alfieri et Ovide, qui la poursuit et l'aiguillonne avec un brandon du Styx. Stipite te Stygio, tumidisque ad fiavit Echnidis E trihus una soror. Sans s'astreindre, ici, à suivre pas à pas l'éminente tragédienne à travers les scènes du drame, on peut dire, en manière de résumé, que ce qui caractérise son talent, soit dans cette pièce, soit dans Marie Stuart et Pia, c'est une surabondance, une richesse, une spontanéité vigoureuse, une sorte de plénitude dramatique qui lui fait rencontrer des effets inattendus d'une hardiesse et d'une nouveauté extrêmes. Elle a des emportements gi-