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DE GUICHENON. 287 de la biographie de Vaugelas. On sait que cet auteur si ap- précié» si idolâtré par ses contemporains, a laissé peu d'ou- vrages. On a remarqué que sa traduction de Quinle-Curce ne lui a pas coûté moins de trente ans de travail, ce qui a donné lieu de croire qu'il consumait sa vie à polir et à repo- lir sans cesse ses compositions. On lui a, en conséquence, fait un reproche de ses lenteurs, et Voiture, qui vivait dans son intimité, lui disait ironiquement que pendant le temps qu'il employait à retoucher une partie de son ouvrage, la langue française progressait et se modifiait, ce qui le mettrait dans la nécessité de refaire indéfiniment l'ensemble de ses travaux; semblable en cela à ce barbier dont parle Martial, si lent a raser son patient, que pendant qu'il rasait une joue, il laissait à la barbe le temps de recroître sur l'autre. Entrapelus Tonsor dum circuit ora Luperci Expungit que gênas, altéra barba subit. Or, dans sa lettre à Guichenon, Vaugelas nous apprend lui-môme pourquoi la fécondité de sa plume n'a pas été en rapport avec celle de son esprit. Cela tenait à une maladie chronique qu'il croyait être une affection à la rate, parce qu'il souffrait sans relâche d'une douleur au côté et qui en réalité provenait d'un abcès formé dans l'estomac, abcès dont la rupture occasionna sa mort en 1650. Vaugelas à Guichenon. Monsieur, Je vous supplie très-humblement de me pardonner si j'ay un peu différé à vous rendre grâce de l'honneur que vous m'avez fait de m'escrire une lettre si obligeante comme est celle que nostre cher arny, Monsieur d'Hozier, m'a rendue de vbstre part. J'ai esté si fort travaillé d'un mal de rate, qui est la seule incom- modité à quoi je suis subject, qu'il m'a esté impossible d'escrire, n'y ayant rien qui nie soit plus contraire ni qui me fasse plus de