page suivante »
TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES. 513 d'Espagne, afin de tâter un peu de ce soleil aux tons chauds et dorés. La, embarras complet de nos personnes et de nos actions. Et quoi ! c'est la cette Rome dont on nous a dit tant de merveilles ! Des rues étroites et noires, embrouil- lées comme un labyrinthe, à parcourir, une langue étrangère à déchiffrer, des mœurs inconnues à étudier, c'en était assez pour nous embarrasser ; une maigre collation, couronnée d'un caffe nero, nous inspira, sans doute, l'heureuse idée de visiter Rome dans son entier, mollement étendus sur les coussins d'un calessino. À quelques jours de là , nous fîmes la même excursion la nuit. Je joindrai mes deux récits. Aux palais, aux musées, aux basiliques où la richesse des marbres et des dorures luttent avec le mérite et le nombre des chefs-d'œuvre, l'éclat du soleil, la limpidité du ciel d'Italie sont indispensablement utiles pour faire ressortir la pureté des lignes, la richesse des reliefs, l'incomparable beauté des divers coloris. Aux ruines, les rayons incertains du crépuscule , la douce et mélancolique lueur de l'astre des nuits sont mille fois pré- férables. Au premier aspect Rome est triste, silencieuse Et monotone. Le hasard et les différents cataclysmes des ré- volutions humaines semblent avoir voulu présider seuls, avec un religieux dédain, à la création de toutes ces rues tortueu- ses, de toutes ces places sur lesquelles on débouche à l'im- proviste. Dans ce chaos si grandiose, c'est a peine si deux ou trois grandes voies bien alignées laissent pénétrer l'air et la lumière. Profusion d'obélisques, de fontaines, de palais, de musées souvent adossés a de pauvres masures. Des quar- tiers entiers sur lesquete la maladie, la misère et la mort veillent comme sur de faciles proies. Au milieu de la Rome moderne des papes, la Rome de la république et des Césars, tels que le Capitole, le Forum, les bains de Caracalla, la mai- 33