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M. VICTOR DE LAPRAnE. 503 Guerrier ! moi j'ai lu dans ton âme Brillante aux yeux comme ta lame, Dès longtemps j'ai su te chérir ; Quand j érige ici ta statue Ce n'est pas à l'homme qui tue Mais à l'homme qui sait mourir. Celui qui frappe avec le glaive Périt par le glaive à son tour. Il le sait ! la mort qui l'enlève L'a vu sourire avec amour. Pour aller où l'attend le sage, Il choisit le plus court passage, Toujours prêt quand il faut partir ; Baptisé dans le sang qu'il donne Il reçoit là -haut sa couronne Des mains d'an Dieu qui fut martyr. Tous ces trésors dont tu te pares, 0 toi qui ne sais plus mourir, Ils appartiennent aux Barbares S'il veulent bien les conquérir. Vantez-moi tout vos arts serviles ! J'entends aux portes de vos villes, Des pieds lourds chaussés d'éperons ; Et les esclaves des Vandales Viennent essuyer leurs sandales, Orêveurs, sur vos nobles fronts. Vous n'entendez là ni la voit niaise du chauvinisme, ni la voix rauque et stridente de la révolution, mais léchant du guerrier eldu chrétien, où les sentiments chevaleresques el une noble philosophie se rejoignent aux sommets les plus élevés de la pensée. Dans la Symphonie alpestre, la dernière pièce du recueil, M. de Laprade s'est peint lui-même avec des traits qui ne se peuvent méconnaître. Franlz, ce n'est ni un proscrit, ni un vaincu de nos discordes civiles; c'est le poète, c'est lui; mais c'est lui tel que l'a fait la double maturité de l'âge el de la douleur. Le voilà avec sa haine des cités el son dégoût des • hommes, son amour de la nature et sa fière passion des soli- tudes. Uu jour que ses antipathies natives l'ont saisi avec plus