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M. VICTOR DE LAI'KADE. 475 haut. Le second chant languit un peu ; et, au risque de per- dre un certain nombre de beaux vers , je voudrais que l'au- teur se décidât à y faire quelques suppressions; mais, sauf ce défaut, bien léger, contestable peut-être, racheté d'ailleurs par des beautés de premier ordre, l'ordonnance du poème est irréprochable; — et les deux autres chants sont au nombre des plus splendides et des plus mélodieuses effusions de la poésie française.—Je n'ai point à redire ici l'histoire si con- nue de Psyché, symbole de l'âme qui s'égare et se retrouve : c'est encore, et toujours, cette éternelle histoire de l'huma- nité tombant par la curiosité, fruit de l'orgueil, et passant à l'initiation par l'épreuve , à la récompense par l'expiation ; histoire qu'on rencontre au frontispice des livres sacrés de tous les peuples : — évidente démonstration d'une révélation première, sortie de Dieu dans Eden, et qui aide à retrouver dons la confusion de toutes les roylhologies païennes l'unité de vérité, l'unité de foi, l'unité de Dieu.M.de Laprade n'a point failli aux grandes et nécessaires inspirations de son sujet. Si la scène du poème est païenne, la donnée est chrétienne. L'inten- tion philosophique du poète apparaîtdès l'abord,et nefléchit pas. Apparet domus intùs, et atria longa patescunt. Et l'esprit attentif suit sans efforts le développement de la pensée chrétienne à travers les mythes de la littérature grecque, comme on suit les eaux courantes du fleuve au sein du lac qu'elles traversent sans s'y mêler. Et voyez ! celle pensée, M. de Laprade non seulement ne la dissimule pas, mais il semble se plaire encore à nous en avertir dès le début du livre. Au seuil d'un poème puisé dans les fables du polythéisme, il parle d'un Dieu, Dieu unique, puissant et bon ; il s'élève sur les ailes de la prière, et transformant les Grâces antiques, il les appelle du nom moderne de Charités: Mais au seuil de ton œuvre inscris donc la prière Et dis en commençant d'où te vient la lumière,