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                             LOTHAIRE.                     465

parti au premier ; mais nous ne sommes pas réduits à choisir
l'un de ces deux extrêmes, puisque les documents contem-
porains ne mentionnent qu'une épidémie, et n'établissent pas
que Lothaire ait été accompagné au tombeau de ceux-là seu-
lement qui l'avaient suivi a la Sainte-Table.
    « Lothaire, disent les Annales de S. Berlin, quitta Rome
satisfait de sa négociation et vint a Lueques, où il fut pris
de la fièvre. La maladie sévissait au milieu des gens de sa
suite, qui tombaient en foule sous ses yeux. Il ne voulut
pas y reconnaître la justice de Dieu, et, le huit des ides du
mois d'août (6 du mois), il arriva à Plaisance. II y séjourna
le dimanche. Vers la neuvième heure, il perdit soudain la
parole et sembla presque mort. Il expira le lendemain à la
 sixième heure. Le petit nombre de personnes qui avaient
 échappé au fléau l'enterrèrent dans un monastère peu con-
 sidérable, près de la ville (1). » Ainsi donc l'annaliste de S.
 Bertin, tout en croyant que les voyageurs lorrains et leur
 chef étaient punis à cause de la conduite coupable de ce
 dernier, ne disait pas, comme nous l'avons déjà fait obser-
 ver,que ce fût le résultat d'une épreuve judiciaire, ni que
 les communiants du Mont-Cassin expirassent seuls, ni que
 le fléau semblât autre chose qu'une fièvre. Or, en tout cela
 quelle matière y a-t-il aux terribles soupçons de MM. Sis-
 mondi et H. Martin ? Quel indice les force donc, en voyant
 tant de morts, à penser avec horreur au pape?
   Vers l'an 910, Réginon, copié depuis par les Annales de
Metz que suit M. H. Martin, mêla le premier du merveil-
leux à ce fait, en disant que la mort avait choisi les seuls
sacrilèges. Toutefois il déclara expressément et l'annaliste de
Metz répéta que les Lorrains moururent de la peste ; il ne
parla pas de symptômes d'empoisonnement. Puis (chose qui
mérite bien d'être notée !) ils ajoutèrent tous les deux quel-
   (1) Annales Berliniam, ubi supra.
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