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 466                           LOTHAIRE.

  ques détails prouvant contre eux-mêmes qu'il y eut de nom-
  breuses victimes en dehors des complices de la mauvaise
  communion de Lothaire. « Les ravages du mal, dit Réginon,
 furent si considérables parmi le peuple de Lothaire que c'était
 moins la peste que le fer ennemi qui semblait abattre la force
  et la noblesse de tout le royaume ; cette noblesse tellement
 multipliée qu'elle remplissait l'empire jusqu'aux limites ,
 comme une épaisse moisson, ou un immense essaim (1). »
 Tout le peuple lorrain, tout le royaume de Lothaire furent
 donc visités par le fléau. Or, est-ce que la nation entière
 avait communié dans l'église de Saint-Sauveur ?
    La correspondance d'Adrien prouve de son côté que tous
 les communiants de la suite du roi ne périrent pas. Parmi
 eux se rencontra au Mont-Cassin l'archevêque de Cologne,
 Gonthaire, fauteur principal des projets adultères du prince
 et déposé de son siège par Nicolas 1 er . C'était bien lui que
la miraculeuse vengeance de l'ordalie aurait surtout atteint ;
pourtant , l'année suivante , le v des calendes de juillet
 (27 juin), il vivait encore, et l'on songeait a Rome a réviser sa
cause (2). Par conséquent tous les complices du roi ne mou-
rurent pas ; d'autre part, il ne mourut pas que de ses com-
plices. L'Eucharistie n'avait donc pas été empoisonnée.
    Le douloureux événement de 869 fut évidemment la ré-
pétition de celui qui, deux ans auparavant, avait largement
décimé une armée lorraine en Italie, où elle guerroyait con-
tre les Sarrasins. « Après de nombreux combats, disent les
annalistes de Metz et de Saint-Bertin, l'armée deLothaire fut
   (1) Réginon ne parle plus ici de la mort des compagnons de Lothaire en
Italie, puisqu'il s'en est déjà occupé avant de raconter celle du roi, et
puisque toute la noblesse du royaume n'avait certainement pas suivi Lo-
thaire au delà des monts. Le chroniqueur Marianus Scothus a aussi com-
pris que Réginon décrit maintenant les ravages de la peste en Lorraine.
Voir la Patrologie lutine, t. CXLVH, ad an. 870.
  (2) Adriani Ep. 28, ad Ludovieum regem Germania.'.