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                                LOTHAIRE.                               463

     2° Lothaire et sa suite ne moururent pas empoisonnés.
 — Montrons, d'abord, le peu de probabilité de ce soupçon
    On dit que l'attente d'un miracle rendait la conscience du
 prêtre indifférente dans le choix de la matière de ce qu'il
présentait dans les épreuves judiciaires. Mais puisque le prê-
 tre était indifférent dans le choix de la matière des épreuves,
 pourquoi supposer qu'Adrien, au lieu de présenter simple-
 ment l'hostie, y avait ajouté du poison, dont les traces, sur
 tant de cadavres, auraient, d'ailleurs, trahi plus tard son
 affreuse curiosité ?
    Il n'est point exact non plus d'avancer qu'on ait pu don-
 ner indifféremment tout ce qu'on voulait dans les ordalies.
Ceci estxontredit par les documents authentiques où nous
lisons les règles fixées pour les cérémonies de ce genre (1).
Or, rien dans le caractère d'Adrien, rien dans sa vie ne porte
a croire que, s'il eût souhaité employer une épreuve, ce n'au-
rait pas été une épreuve loyale et légale (2), une de ces épreu-
ves dans lesquelles, d'après les règlements, l'accusé savait a
quels périls il allait s'exposer et auxquels il se préparait par
le jeûne, la prière, l'assistance a la messe et la réception de
bénédictions propres à la circonstance ; une de ces épreuves
qui, établies afin de mettre l'inculpé 'a l'abri de l'ignorance
des juges, cherchait en même temps, par un appareil solen-
nel et religieux, a le rassurer contre les ruses de ses ad-
versaires.
   Puis, de quoi s'agissait-il au Mont-Cassin ? Le pape ne de-
mandait pas à Lothaire si le crime dont il accusait Theuteberge
en concluant au divorce était vrai, il n'entreprenait pas de
vider le long différent des deux époux ; il cherchait unique-

   U) Patrol, lat. de M. Migne, t. LXXXVII, col 956; t. CXXIX, col.
986, t. CXXXVIH, col. i m .
   (2) Sur Adrien, voir Anastase le bibliothécaire, Hisl. de vitis Rom,. Pon*
(»/.. dans la Patrol, lat., t. CXXVTII, col. 376.