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L0THA1HE. 459 celle-ci, aux coupables de sacrilège? Or> il n'en fut pas au trement dans l'église de Saint-Sauveur. Cela se confirme par les paroles alors adressées aux seigneurs lorrains, et que, chaque jour, le prêtre répète en admettant les fidèles à la communion : « Que le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ vous conserve pour la vie éternelle ! » Tout cela ne carac- térise pas le moins du monde une ordalie. Ce furent donc des paroles de la liturgie et non les menaces d'une ordalie qu'Adrien prononça. Il ne suffisait pas de rappeler a un com- muniant la justice de Dieu pour qu'il y eût jugement de Dieu ; il fallait encore que le patient dît : « Que le corps du Sei- gneur soit aujourd'hui pour moi une épreuve (1) » mais nul au Mont-Cassin n'a été sommé de les proférer ; il n'y a donc point eu d'épreuve. Si l'on s'en tenait a la dissertation de Duclos, mentionnée précédemment, cette formalité n'aurait pas été oubliée. L'ho- norable académicien dit que le roi assura par serment qu'il avait renvoyé Valdrade, puis il ajoute de suite en note : Cor- pus Domini sil mihi in probalionem ! Cette phrase latine, citée en pareil lieu et en pareille cir- constance, ne semble-t-elle pas le serment même fait par Lothaire ? Il n'en est rien pourtant. Afin de nous en con- vaincre il suffit de recourir à la source où Duclos l'a puisée et qu'il nous indique, c'est la collection de décrets publiée parGratien (2). Eh bien ! dans ce passage, Gratien transcrit le chapitre XV des actes d'un concile de Worms, exigeant des moines soumis à l'épreuve de l'Eucharistie ces paroles imprécatoires : Corpus domini sil mihi in probationem ! Ce (1) Muratori, diss- de judiciispei, antiq. Mal. medii œvi, et Patrol. lut.. t. LXXXVII, col. 933. (2) Gratien. Conc. Worm. cap 17. — Cette indication donnée par Du- clos est un peu brève: il la faut compléter ainsi : Decreti pars II causa H quœsl. V, cap. 23. conc. Worm. r cap. 15.