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qui n'a aucun rapport avec Lothaire ni avec la communion
du Mont-Cassin. Pourquoi donc Duclcs a-t-il fait cette cita
tion ? C'est que, regardant la communion du prince comme
une épreuve , il se persuada que le serment, partie si im-
portante de la cérémonie, ne dut point être négligé. De fa
çon qu'en voulant mieux représenter l'acte religieux de Lo
thaire, il le dénatura ; il en fit une ordalie, chose à laquelle
cependant nul ne songea (1). Je puis donc conclure que, si
Adrien empoisonna le jeune souverain de la Bresse et du
Lyonnais, ce ne fut pas dans une ordalie.
   La suite des rapports de ces deux hauts personnages
établit encore qu'ils ne s'étaient pas réunis au Mont-Cassin
pour une épreuve judiciaire. Selon les Annales de S. Bertin,
 < Engelberge {après la cérémonie de l'église de Saint-Sau-
veur) retourna vers l'empereur son époux, et Adrien a Borne;
    (1) Le docteur Thiers, dans sou Hist. des superstitions, t. II, liv. U.
eh. IX, p. 283, range parmi les épreuves la communion de Lothaire, mais
eu se fondant sur l'autorité de Sigcbcrt, chroniqueur du XII" siècle. Celte
date dit assez que nous avons mieux fait de nous en tenir aux écrivains
beaucoup plus voisins de l'événement, et qui ne parlent pas d'ordalie en
celte circonstance. — Muratori (ubi supra), sans toutefois donner des preu
vos de son opinion, pense comme Thiers. 11 faut qu'il se soit rappelé le
l'ail de la même manière qu'il le cite, c'est-à dire très-vaguement et en
passant. —Le père Longueval, Hist. âe l'église yallicane. t. IV, p. XXII du
Discours préliminaire sur les épreuves judiciaires, ne manque pas d'enri
ehir, comme Duclos, sa dissertation de l'anecdote relative à Lothaire; seu
lement, afin de rendre vraisemblable sa manière de voir, il intercale quel
ques paroles. D'après sa traduction du passage de Réginon, le même que
celui des Annales de Metz, Adrien, s'adressant au roi, se serait écrié : « Si
vous dites la vérité, nous avons bien des actions de grâces à rendre à Dieu ;
mais, pour nous en assurer, il faut que vous veniez à la confession de
S. Pierre. » De telles licences, heureusement, sont fort rares chez le sa
vaut jésuite ! Celle-ci, par exemple, ne se retrouve pas au livre XVII de
Y Hist. de l'église gallicane, ad an. 869. où le voyage de Lothaire en Italie
est raconté, mais sans préoccupation celte fois de dissertations à orner de
tragiques curiosités: