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410 BIBLIOGRAPHIE. pathies. Cet enseignement se résumait dans les trois proposi- tions suivantes, qui forment le programme de toute philosophie sensée et chrétienne : 1° la raison est une lumière divine qui domine et doit régler toutes les facultés de l'homme ; 2° le christianisme est dans la société ce que la raison est dans l'individu, c'est-à -dire qu'il est sa loi et la vraie source de toute civilisation ; 3° la raison n'a sa véritable valeur que sous l'action du christianisme, comme le prouve l'histoire entière de l'humanité. M.Noirotsenlail'parfaitement combien ilexistaild'harmonie entre sa doctrine et l'esprit lyonnais; aussi avait-il toujours désiré la chaire de Lyon, el quand il y a été, tous ses vœux ont été d'y fournir toute sa carrière professorale. Il ne fallait pas qu'on lui parlât d'être transporté dans un lycée de Paris, el il me disait un jour : « Jamais je n'y consentirai ; tous ces « philosophes de là -haul ne verraient en moi qu'un petit abbé « arriéré; et c'est moi au contraire, ajoutait-il avec une juste « confiance dans la supériorité de sa doctrine, c'est moi qui « suis plus avancé qu'eux. » Il avait raison ; tous ces ratio- nalistes purs, malgré leur mérite, ne valaient pas notre Socrate chrétien de Lyon, et on n'a pu dire d'aucun d'eux ce qu'on a dit de lui : « II ne forme pas des philosophes, mais des hommes (1). » Si l'analogie et ce qu'on pourrait appeler'1'affinité de l'esprit lyonnais et de l'enseignement de M. Noirot, a pu valoir à celui-ci une popularité exceptionnelle, réciproquement l'en- seignement de ce professeur, retentissant peu à peu par la bouche des connaisseurs jusque dans les villes éloignées, a su attirer de lointaines et Tories sympathies à ce qu'on n'a pas hésité à nommer l'école philosophique lyonnaise, école (1) Ces paroles sont do M. Cousin ; elles n'expriment qu'une partie de la vérité; M. Noirot formait des chrétiens par la philosophie.