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408 BIBLIOGRAPHIE. peuvent nourrir l'orgueilleux espoir de produire une doctrine qui dépasse en sainteté la morale de l'évangile et en hauteur la sublimité de ses dogmes. Mais c'est surtout au résultat qu'elle les juge, et quand elle voit qu'en'définitive la philoso- phie de la raison pure en est encore à enfanter une vérité qui soit pratique, et féconde en même temps que nouvelle, elle n'est pas plus disposée à se laisser séduire par la propo- sition de remplacer la religion surnaturelle par la religion dansles limites de la raison (1), que si, dans l'ordre de sa merveilleuse industrie, on lui proposait de remplacer ses riches et solides tissus de soie par des toiles d'araignée. Je n'entreprendrai point de signaler ici les Lyonnais plus ou moins distingués qui ont honoré la philosophie sans cesser d'être fidèles à la religion ; en cela bien meilleurs imitateurs de ce Descartes si souvent cité, que ne le sont les déistes modernes. Ceux-ci, sans trop de façon pour ce grand homme, vous le décomposent, en vertu du procédé de l'analyse, en deux hommes distincts, qui sont le chrétien et le philosophe, et laissant de côté le chrétien qui ne leur convient pas, ils se déclarent hautement les disciples du philosophe; ils ne s'aperçoivent point qu'un homme disséqué n'est plus un homme vivant, et ils oublient que Descartes « toujours pro- fessé par ses paroles et surtout par ses actes, qu'en faisant de la philosophie il n'entendait nullement cesser d'être ca- tholique, et catholique pratiquant. Mais laissons Descaries et ses très-incomplets imitateurs et revenons aux philosophes lyonnais. Je rappellerai que l'alliance profonde du bon sens et de la religion, qui est le vrai fond de toute sage philosophie et qui s'accorde si parfaitement avec le caractère lyonnais, a eu dans le professorat philosophique de Lyon deux nobles et populaires interprètes pendant cette première moitié du dix- Ci) C'est le litre d'un ouvrage de Kant, plus pauvre encore que ne l'annonce son titre.