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370 LE VFAU l)'OR. Vous offrira toujours sa nouvelle toison. Voici venir Jourdain, le bourgeois gentilhomme ! On dirait à le voir un sénateur de Rome. Avec un air de gloire il promène ses pas, Et si je le salue il ne me répond pas. C'est que Monsieur Jourdain, qui vendait du fromage. Est devenu depuis un noble personnage ; Il a payé comptant Je titre de baron, Et ne s'en tiendra pas à ce premier chevron. Un jour, sur son coupé, la couronne de comte Du roturier fromage effacera la honte. Tous nos messieurs Jourdain ne se font pas barons, Tous ne possèdent pas la couronne à fleurons ; Car, on doit l'avouer, dans le siècle où nous sommes, Si l'auréole, autour du front des gentilshommes, Ne vient plus provoquer un regard malveillant, Elle ne jette pas un éclat bien brillant. Et c'est tout naturel : ia noblesse elle-même Aux idoles du jour demande le baptême ; Les plus illustres noms, à la bourse mêlés Pour attraper la prime accourent essou/flés, Et s'ils croyaient gagner la riche cargaison Ils vendraient sans remords les droits de leur blason. On ne se doute pas, au fond de nos provinces, Qu'au tripot de la bourse on rencontre des princes. Nous sommes bien naïfs, mais le chemin de fer Se-charge d'éclairer ces ignorants d'hier. Celui qui de Paris ne fait pas le voyage, Ne découvre jamais d'horison sans nuage, Et son esprit étroit, dans le brouillard plongé, Ne peut pas s'affranchir des liens du préjugé. Il reconnaît encor des droits à la conscience, Des Barnums de Paris il méprise l'engeance,