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                             M. JULES JANIN.                             31J

qu'une chose : comment la Goualeuse sortira-t-elle des mains
 de la Louve, ou : au diable le critique qui m'empêche d'avoir
 la suite de ce feuilleton que j'ai lu en frissonnant ; ces mots
 qui le terminaient promettaient de si belles horreurs : « A qui
avait appartenu cette tête que l'on voyait sanglante au pied
 de cette tour (1) ? »
    M. Janin ne se décourageait pas, il taillait derechef sa
plume et se remettait à l'œuvre, car il savait qu'après tout
le public ne pouvait pas tenir à ce régime malsain, que le
jour de l'oubli viendrait bien vite pour ces manufacturiers
littéraires, et que l'esprit et le bon goût prendraient tôt ou
tard leur revanche.
    Le public, en effet, il a mieux fait que de ne pas quitter
le critique, il est revenu a M. Janin qui, un beau jour, s'est
trouvé à une belle place dans la littérature de notre époque
    Et cela en dépit des envieux, des auteurs flagellés qui ne
lui ont épargné ni le sarcasme, ni l'injure, ni l'insulte, et qui
n'ont pas craint d'aller jusqu'à la diffamation. Pour tuer cette
réputation, toute arme était employée selon la force, l'adresse,
l'audace et la haine de chacun, depuis cet aiguillon, le petit
article du petit journal, jusqu'au pamphlet, cette épée a deux
tranchants qui blesse si souvent la main qui la tient. La vie
littéraire de l'homme n'était pas seulement attaquée, on ne
se contentait pas de railler, de parodier ce style si char-
mant en ses jeux capricieux et l'érudition du critique, on le
pourchassait jusque dans sa vie privée. Lejour de son mariage,
le feuilletoniste, dans sa joie, avait entr'ouvert un peu impru-
demment la porte de sa maison ; l'ennemi y entrait et for
çait la porte de la chambre à coucher.
  (I, Dan» presque tous les roman» publiés il y a dix uns, dans les journaiii:
on trouvait comme un appât pour le réabonnement, vers le 15 ou le 30 tle
ehaque mois, un feuilleton laissant ainsi pittoresquement l'intérêt en su»
pens.