Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           M. JULES JANIÃŽS.                 305

« critique loyale el sympathique. » Si vous voulez voir
comme le critique l'a prouvé, lisez, sans en sauter une ligne,
la première moitié du second volume. Les études sur Tar-
tuffe, le Misanthrope et Don Juan, sont tout bonnement des
pages admirables. Comme il fouille dans les entrailles du
sujet pour montrer tout ce qu'il renferme ; il revient trois
ou quatre fois sur la même pièce , Don Juan par exemple,
et ce sont toujours des aperçus nouveaux, tant la mine est
féconde et habile l'ouvrier. Pour arriver a cette connais-
 sance profonde de l'œuvre de Molière, l'auteur a vécu en
 quelque sorte de la vie du grand homme ; il a suivi sa
 troupe depuis le jour où, pleine de jeunesse et de gaîté,
 elle quitta Paris pour courir la province, jusqu'à ce jour
 fatal où elle perdit son bienfaiteur, j'allais dire son père.
 M. Janin connait par leurs noms tous ces gais compagnons,
 MIIe de Brie, Lagrange et M"e du Parc, etc., etc., et surtout
 la vieille Laforêt. Il sait, c'est un secret qu'il a surpris au
 maître, d'où sortent ces types immortels : Orgon, Tartuffe,
 Elmire, Célimène ; ce ne sont pas des personnages de comé-
 die, à ses yeux; ce sont des êtres réels et non pas fictifs, et
 la preuve, regardez comme il sait où ils vont, d'où ils viennent
 et leurs faits et gestes (1). « Elmire dans Tartuffe, c'est Hen
  « riette mariée a un bourgeois sur le retour ; Orgon a vieilli
  « plus vite que sa femme , la chose arrive à tous les hommes
  « d'un esprit subalterne. Elmire a renoncé, en se mariant
  « avec cet homme, au bel esprit, le plus grand luxe du
  « XVIIe siècle, mais c'est là tout le sacrifice qu'Elmire a pu
  « faire. A aucun prix elle n'eût consenti à se façonner aux
  « exigences dévotes de sa belle-mère, Mme Pernelle, aux
  « excès religieux de son mari, M. Orgon. Elle a bien voulu,
  « par pitié, admettre dans sa maison, a sa table, ce vil
  « M. Tartuffe, son mari l'ordonne, mais c'est là tout, à
   (1) Tome ii, page 82.
                                                      20