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306 M, JULES JANIN. • peine daigne t-elle s'inquiéter de ce misérable dont son < « instinct de femme lui fait deviner à l'avance les perfidies « Elmire, c'est la Providence de cette maison, attaquée par « Tartuffe. Sans Elmire toute cette maison va se rendre à ce « bandit ; citez la bourgeoise de cette maison, aussitôt la « joyeuse et bonne Dorine, l'aimable soubrette, s'en va loin « de ses maîtres qu'elle aime et défend a sa manière. « Cléante, le beau-frère, trouve la porte fermée. Damis est < battu par son père, cette douce Marianne, aimable fille ' « sacrifiée à ce misérable, en est réduite a épouser Tartuffe, « une lettre de cachet jette Valère à la porte. » Quelle page admirable, quelle forme saisissante dans cette piquante étude. Il faut être en quelque sorte de la maison de Molière pour mêler aussi familièrement son esprit avec le génie du maître. Le livre vous dira les vrais noms des personnages du Misanthrope. Alceste, c'est tout bonnement Molière lui- même ; Célimène , c'est la femme de ce grand homme qui n'a jamais compris quel noble cœur elle avait blessé a mort. On peut compter M. Janin parmi les défenseurs les plus courageux et les plus spirituels des grands principes de la morale et de la littérature. Lisez dans le livre l'analyse de ces pièces : La Cure et VArchevêché , le Bourreau d'Amsterdam, Anqo , Dix ans de la vie d'une Femme , etc. , etc. Si vous demeurez stu- péfait qu'il y ait eu des auteurs assez osés pour produire de pareilles œuvres en plein théâtre et un public assez de'moralisé pour en supporte? la représentation, vous serez satisfait de voir qu'il s'est trouvé en même temps un criti- que qui a flétri, que dis-je , qui a flagellé ces turpitudes avec le fouet, de Juvénal. Serait-ce a dire, cependant, que sentinelle constamment sur