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290 CORRESPONDANCE 1NÉMTK gique de la maison de Savoie, à l'article du princeen ques- tion, il s'exprime ainsi : son corps fut ouvert où il ne se trouva rien de gasté, mais il estait tout sec, sans sang ni humidité. L'abbé Denina, plus explicite, avance que tous ceux qui, avec ce prince, assistèrent à un festin donné par le maréchal de Créqui, éprouvèrent une maladie subite à laquelle un seul convive put échapper. Victor Amédée 1 e r , filsdeGharles-Emmanuel, dil-le-Grand, avait épousé en 1619 Christine de France, sœur de Louis XIII. En montant sur le trône, il avait trouvé ses états foulés et envahis par les Français et les Espagnols. Désireux de mettre un terme aux longues souffrances que l'humeur ambitieuse et inquiète de son père avait causée à ses sujets, il s'était efforcé à tout prix de leur procurer la paix qu'il avait cru acheter en cédant Pignerol à la France. Mais il avait à compter avec l'inflexible cardinal deRichelieu qui, imbu de celte maxime que les puis- sances inférieures doivent entrer bon gré mal gré dans la sphère d'action des puissances prépondérantes, l'avait sommé de prendre parti pour ou contre la France, pendant la guerre à outrance qu'il avait déclarée à l'Autriche et a l'Espagne. Aussi pendant les sept années que dura le règne de Victor- Amédée, ce malheureux prince, leurré par Richelieu qui le berçait de l'espérance de faire ériger à son profit la Lom- bardie en royaume, après qu'on l'aurait arrachée à la maison d'Autriche, vécut presque constamment sur les champs de bataille. Ce fut à Christine de France qu'en mourant il con- fia la tutelle de ses enfants et la régence de ses états. On sait quelle lutte cette héroïque princesse eut à soutenir, d'une part contre Richelieu qui, pour se rendre plus aisément maî- tre du Piémont, tenta plus d'une fois de s'emparer de sa personne et de ses enfants; de l'autre contre les princes Tho- mas et Maurice, ses ambitieux beaux-frères qui lui dispu- taient la régence, et avec quelle énergie et quelle habileté