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                                MCttOLOGlE.                                  ibb
 des sympathies pour toutes les souffrances , des secours pour toutes les in-
 fortunes.
   Calme et actif, indulgent cl fidèle , c'était un esprit merveilleusement
propre à nos temps agités ; aussi a-t-il obtenu le rare bonheur de traverser
nos longues vicissitudes avec une modération inaltérable, toujours éga-
 lement éloigné d'une abstention égoïste et d'une intervention passionnée ;
 on ne l'a vu se mêler au pouvoir que pour le tempérer, aux partis que pour
les contenir. Son cœur généreux sympathisait avec les faibles, mais en dé-
fendant les vaincus il ne se croyait pas le droit d'outrager les vainqueurs.
Il gardait ainsi son influence sur tous , et cette influence fut souvent tulé-
laire ; il a protégé beaucoup de citoyens, il n'en a pas persécuté un seul, et
il a su, après soixante ans de révolution, laisser un nom respecté par tous,
le souvenir de courageux services, beaucoup d'obligés et pas un ennemi.
   Aussi, après de longs jours, sa fin a paru prématurée, et son infatiga-
gable dévoûment avait su si bien suffire à tant de travaux et à tant de
missions que la cité croit en le perdant célébrer les funérailles de plu-
sieurs citoyens éminents à la fois. Tous les ordres l'entourent et le regret-
tent parce qu'il les a tous représentés et honorés. Il a honoré sa patrie
partout où il l'a servie.
    Il l'a servie partout; à la barre, par une éloquence pleine d'éclat et de
sentiment, et par une fleur de dignité admirée même dans un ordre où
pourtant aucun genre de délicatesse n'étonne ; dans nos comices intellec-
tuels , par une érudition aimable, et une richesse inépuisable de langage
et d'idées ; dans les conseils de la cité , par un coup d'œil prompt, sûr et
pratique ; dans l'administration , par la modération pénétrante de son ca-
ractère, si habile à juger les hommes et les temps ; dans la magistrature,
par une intégrité élevée qui savait vivifier le droit par l'équité , sans se per-
mettre jamais de refaire ou de détrôner la loi.
   Cette vie si laborieuse , si persévérante, si dévouée, a été une rare et
touchante leçon pour nos temps de laisser-aller , d'évolutions et de calculs.
   Cette prodigieuse variété d'efforts ne lassait pas M. Menoux. Le travail
était sa passion ; il ne craignait pas de voir se multiplier les titres sur sa
tête, car ces titres n'étaient pas seulement des honneurs, ils étaient aussi
des devoirs, et il savait que les devoirs sont la plus forte attache de la vie,
comme la joie de leur accomplissement en est la plus douce couronne.
C'est à ces journées si religieusement remplies que la Providence accorde
la faveur d'un beau soir.
   La sérénité de cette belle soirée fut pourtant troublée par un nuage. Il
se vit interrompu dans les plus augustes devoirs par la nécessité absolue