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ÉTUDES SUR L'HISTOIRE DU DAUPHINÉ. 225 c'est une opinion que, malgré l'autorité de ce savant homme, il est impossible d'admettre, en présence d'un passage pré- cis du Discours pour Fontéius : « Fontéius dit Cicéron, sou- mit les Gaulois qui s'étaient révoltés contre lui, força ceux qui avaient été quelque temps auparavant nos ennemis de sor- tir des terres confisquées, et demanda aux autres de la cava- lerie, de grosses sommes d'argent et des quantités considé- rables de froment (1). » Qui pourrait se refuser de voir au moins dans ces exactions de Fontéius ces charges extraordi- naires appelées tributs (tributum), par Sigonius lui-même? Du reste les tributs étaient, comme les revenus dont nous avons parlé plus haut, perçus par les publicains, sous l'auto- rité et la surveillance du Propréteur et du Questeur (2). 11 serait facile d'accumuler des textes pour prouver l'intolé- rable oppression que ces fermiers de l'État faisaient, avec la connivence des magistrats, peser sur les provinces : deux mots suffiront pour peindre leur caractère. Cicéron, leur ami et leur prolecteur aussi bien dans le sénat qu'auprès des gou- verneurs, appelle leurs prétentions des caprices (delicise) insup- porlables (3) et Tite-Live dit gravement que partout où était un publicain, il n'y avait plus de liberté pour les alliés (4). Avec eux arrivèrent dans la Narbonnaise des Romains et des Italiens qui venaient y chercher fortune : les uns enle- vaient aux anciens habitants, en vertu de marchés (locationes) passés avec les censeurs, la possession des terres publiques et devenaient laboureurs ou éleveurs de bestiaux ; les autres faisaient le commerce et apportaient aux Gaulois les mar- chandises qui efféminent les âmes (5) ; d'autres enfin se li- ft) Cic. pro Fonleio, 3. (a) Sig. de Antiq jure Civ. Rom. n , 4- (3) DeliciiE equitum vix ferendœ. Alt. i , 17. (4) XI.V, 18. (5) €œ$. d e B . G . I , 1. 15