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206                  PLATON ET SAINT AUGUSTIN.
 effet dans S. Augustin la théorie des idées, sous son double aspect,
 soitqu'on la considère au point de vue de la connaissance, soit qu'on
 la considère au point de vue de l'existence. Au point de vue de
 l'existence, saint Augustin enseigne aussi que les idées sont les
 causes, les exemplaires et les essences des choses, et qu'elles
 mêmes elles ont Dieu pour centre et pour essence suprême. Au
 point de vue psj'chologique sur lequel il insiste davantage, il
 enseigne que c'est une faculté divine, la raison qui nous met en
 communication avec la raison éternelle et universelle.
    Il ne cesse de nous entretenir de cette raison universelle qui
 plane au-dessus de toutes les intelligences et les éclaire de ses
 rayons ; non seulement il la définit en métaphysicien, mais il la
 chante en poète : « Elle n'écarte personne par l'encombrement
 de la foule, elle ne passe pas avec le temps, ne change pas de
lieu, n'est pas interceptée par la nuit ou offusquée par l'ombre...
De tous les points du monde attirant ceux qui la cherche, elle
est près d'eux; elle y est toujours; elle ne manque nulle part et
jamais; elle avertit en public, elle instruit en secret ; elle trans-
forme en bien tous ceux qui la voient, et elle n'est changée en
mal par personne (i)          Vous êtes partout, vérité éternelle ,
et du trône où vous présidez à toutes choses, vous répondez à
 tous ceux qui vous consultent, et vous leur répondez à la fois,
quelque différentes que soient leurs consultations (2). » En voilà
assez pour reconnaître quelle est la source des plus belles inspi-
 rations et des plus poétiques images de Fénelon et deMalebranche
touchant cette raison universelle.
    Comme Platon, c'est par les idées que saint Augustin arrive
jusqu'à Dieu, et avec Platon, il le conçoit comme la raison et la
vérité en soi, et aussi comme le principe de l'être, l'idée des
idées , l'unité absolue, le bien en soi. Il croit même découvrir
dans les philosophes anciens et particulièrement dans Platon un
merveilleux pressentiment de la Trinité. Mais voici une bien
grande question : pourquoi cet être parfait (rai se suffit en soi,

  (1) Du libre arbitre, liv. u, chap. 12.
  (2) Confession*, liv. \ . rliap: 25.