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1 ;>8                      BIBLIOGRAPHIE,
compte de ce qu'il vient de lire. Mais nous devons dire aussi que peu
de passages le frappent assez vivement pour l'engager à revenir
sur ses pas, afin de goûter le charme de la phrase relue, et du
vers savouré et retenu par la mémoire. Ce manque d'un attrait
puissant tient, croyons-nous, non pas à la structure du vers qui
est gracieux, facile et presque toujours d'une limpidité extrême,
mais à l'absence de grandes idées, au défaut d'une pensée géné-
rale et généreuse dominant et reliant toutes ces petites pièces.
   Le sujet qui revient le plus fréquemment dans les vers de
M. Morin-Pons, c'est l'amour ; non pas l'amour profond, unique,
enfoui au fond du cœur, sans désirs et sans espoir, source éternelle
d'inspirations divines; non pas même la passion furieuse, palpitante
et mortelle qui a produit de nos jours quelques œuvres fiévreuses
et belles; mais l'amour dispersé, l'amour sans conviction et sans
suite, qui bat les chemins et pénètre volontiers dans tous les
boudoirs ouverts. Lorsque l'on se résoud à chanter, non pas ce
sentiment, ni cette passion, mais cette fantaisie, on se trouve
forcément placé entre deux écueils : d'une part la continuation
des fadeurs et des équivoques du-XVIII e siècle; de l'autre le
souvenir d'Alfred de Musset, ce funeste poète, le plus facile à
imiter et le plus inimitable, qui raille et qui pleure, qui enchante
et qui déchire, que l'on hait et que l'on aime tour à tour, mais
auquel on revient toujours lorsque l'on veut entendre quelque
cri véritablement parti du cœur. M. Alfred de Musset, mal com-
pris de ses imitateurs, a donné naissance à une certaine école
qui a régné un instant dans les romans et surtout sur la scène,
et dont les initiés sont spécialement consacrés au culte, à la réha-
bilitation^ nous dirons presque à l'apothéose de la courtisane.
   Que veulent-ils, ces insensés? où courent-ils et quel étrange
délire les transporte? Pensent-ils donc que notre société soit trop
vieille, qu'ils remuent ainsi à plein vase et à pleins bras les plus
terribles éléments de dissolution qu'elle renferme en son sein?
Seront-ils satisfaits lorsqu'ils auront renversé la chaste statue qui
veille au foyer domestique, pour élever sur son piédestal je ne
sais quelle créature ivre et fardée ? Ah ! nous savons trop que
le cœur des poètes se fond souvent en aspirations d'amour, et