Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
130                    LA (JAZZÊ'f'fli FKANÇÛiStî.
te de tous côtés) que l'on y voit lejour toute la nuict, car à la vérité,
en ces basses contrées, n'apparoist au plus clair midy, un seul es-
clat de lumière, et ne fut onc le soleil si présomptueux que d'oser
estaler ses flamboyans rayons pour donner de l'intervale à telles
nuicts cimmériennes.
   Et toutes fois, cette populace est tellement accoustumée, se
plaist et se délecte en cette leur éternelle obscurité, que si l'un
d'eux, pour une sienne nécessité, vient à faire quelque sortie, et
respirer tant soit peu la fraische haleine et le doux souffle du
gracieux Zéphire, vous les verriez à l'œil fermé mespriser la
lumière céleste, se remettre dans leurs antres, et fuir à pas hastez
au plus profond de leur tiède et exhalle-fumées cavernes , plus
promptement que ne fait le regnard chargé de proye au fort de
sa tanière. »
   Après nous avoir si bien peint les puits des mines de houille
et les mineurs, un peu à la flamande , un peu à la Du Bartas,
AlJard ne décrit pas en traits moins vifs et moins rutilants les
forges de la ville et de ses environs :

   « — Cette, ville admirable, s'écrie-t-il, est le puissant arsenal
du boiteux mary de Vénus, c'est en ses rugissantes et pétillantes
forges, qu'il exerce et employé son industrie, avec plusieurs
expers et ingénieux artisans (ainsi qu'il soulloit (i), autres
fois avec ses fiers ciclopes) , pour fabriquer les machines
de son rival, l'indompté et belliqueux Mars ; au moyen de
quoy, on n'entend résonner à trois lieues à la ronde, qu'un
tintamare d'enclumes et marteaux, combien que le tonnerre
esclajtant de l'arquebuzerie et le bruit enroué du froissis des
harnois soit maintenant calme pour le salut général du royaume,
et pour leur ruine particulière (2). »
    Marcellin n'oublie pas dans la description de sa ville natale,
certaine carrière « de pierres blanches dont tout le pays foré-
sien grandement se sert et ne se peut passer pour l'enibellis-

  (1) Qu'il avait coutume.
  (2) Allusion à la paix qui régnait sous Henri IV.




   Q