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126 LA GAZZETTE FUANÇ01SE. La conclusion, il faut en convenir, est peu flatteuse pour Allard, soit qu'il n'eût pas jugé à propos de se révéler jusqu'alors à l'auteur du quatrain, soit que ce dernier n'ait pas su deviner son talent littéraire, ce qui est beaucoup plus probable. Enfin, voici le troisième quatrain qui, pouvant s'appliquer à la littérature comme à la sculpture, prouve qu'Allard ignorait également les règles de l'une et de l'autre. Celuy est à louer qu'en l'art qu'il a appris Surpasse le commun et se rend admirable : Allard, non enseigné, faisant le cas semblable, Mérite plus d'honneur, de louange et de pris. C. D. V., forésien. Après avoir lu ces vers, on ne doit pas s'étonner de la pro- digieuse vogue de Du Bartas à cette époque. Malherbe n'était alors connu qu'en Provence, il ne devait venir à la cour que cette même année pour y préparer son fameux coup d'état con- tre les hiatus, les Pindariseurs et les Pétrarchiseurs. La Gazzette françoise ne parait pas avoir fait grand bruit au moment de son apparition, excepté peut-être à Saint-Etienne et dans le voisinage. Les allusions de l'auteur ne devaient être com- prises et ne devaient avoir d'intérêt que dans un certain rayon. Suivant l'opinion de M. de La Tour-Varan, Marcellin Allard mou- rut vers 1630 ; il avait épousé, en 1580, Hélène de Royssieu, fort riche héritière et cousine germaine de ce Royssieu à qui la Gazzette est dédiée. Il eut de ce mariage deux filles et quatre fils, dont l'un fut d'abord secrétaire ordinaire du roi, après quoi il embrassa la carrière des armes, et se signala à la journée de Marfée ; un autre épousa Marthe de Cozon de Bayard et se fit remarquer à la bataille de Saint-Godard sur les bords du Raab. La postérité de Marcellin Allard s'éteignit en la personne de Jean-François d'Allard, petit-fils de Pierre d'Allard, seigneur de Monteille, en 1754. On voit encore, rue Roannel, à Saint-Etienne, la maison qu'y fit construire, en 1572, Denis d'Allard, oncle de Marcellin. Elle